Porté disparu depuis son exil forcé d’Hollywood, Lee Tamahori, le réalisateur de L’Âme des guerriers, ressurgit avec l’inédit The Devil’s Double, l’histoire complètement folle du sosie officiel d’Uday Hussein, le fils détraqué de Saddam.Propos recueillis par Benjamin Rozovas.Première : The Devil’s Double est l’histoire incroyable mais vraie du fils flamboyant de Saddam Hussein, une évocation inédite et rococo de l’ancien régime irakien produite par les gens de Slumdog Millionaire... Comment un film pareil a-t-il pu rester inédit ?Lee Tamahori : C’est compliqué. En Europe, les distributeurs ont attendu de voir comment le film marchait aux États-Unis avant de décider d’une stratégie. Et les résultats au box-office n’ont pas été brillants, en partie parce que le sujet est un peu trop sulfureux pour le public nord-américain et parce que tout ce qui a trait à l’Irak et au monde arabe n’a pas bonne presse là-bas. Je ne peux pas me prononcer en ce qui concerne les marchés européens, chaque pays adoptant une politique différente, mais, de toute évidence, ce film est considéré comme trop brutal et repoussant par beaucoup de distributeurs. Je ne suis pas étonné d’apprendre qu’il sort directement en vidéo chez vous. Ce fut aussi le cas en Australie et chez moi, en Nouvelle-Zélande.Vous attendiez-vous à un tel accueil ? Non. Je pensais qu’on tenait une histoire fascinante, une porte ouverte sur un monde qu’on croit connaître mais dont on ne sait finalement pas grand-chose et qui continue d’alimenter pas mal de fantasmes en Occident. C’est la première fois qu’un de mes films connaît autant de difficultés à sortir, et si j’ai encore un peu de mal à me l’expliquer, je ne peux rien y faire.Sous couvert de politique, c’est un film de gangsters qui respecte les règles du genre. Un Scarface arabe ?C’était le projet dès le départ : ne pas faire un thriller politique mais un film de gangsters, avec la liberté et les extravagances que ça sous-entend. Je n’ai pas consciemment décidé de prendre Scarface pour modèle, mais dès qu’on a mis Uday Hussein (Dominic Cooper) au milieu d’un gunfight, il s’est mis à ressembler à Tony Montana. J’ai préféré embrasser la parenté plutôt que de chercher à l’éviter. D’autant que mon film s’intéresse au sosie, à l’autre type caché derrière...Retrouvez l'intégralité de l'interview de Lee Tamahori dans le dernier numéro de Première, actuellement en kiosques.Et retrouvez ici la critique du DVD de The Devil's Double.