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Fini le temps des affiches peintes. Aujourd'hui, les affiches se standardisent, c'est bien connu. Elles sont même, à quelques exeptions près, devenues assez moches. Dernier exemple en date de cette uniformisation, l'affiche de La prochaine fois je viserai le coeur, de Cédric Anger, qui rappelle beaucoup celle de De Battre Mon Coeur s'est arrêté de Jacques AudiardGuillaume Canet y incarne un type inquiétant, loin de ses rôles de gendre idéal. Comme pour Romain Duris dans le film d'Audiard sur le parcours en clair-obscur d'un petit voyou de l'immobilier, c'est un contre-emploi. Et puis le titre est long, et c'est une phrase à la première personne. Avec le mot "coeur" dedans. Voilà assez de points commun pour l'illustrer le film de Anger avec exactement les mêmes codes visuels.A savoir, en premier lieu, un titre à ralonge inscrit dans une couleur rouge sang en haut à gauche du poster, pour instaurer un déséquilibre. Le visage de l'acteur apparait de face, les traits fermés, entre ombre et lumière, la cravate bien nouée pour montrer un personnage faussement propre sur lui - d'un côté le gendarme, de l'autre le pianiste aux mains sales. A chaque fois, le nom de l'acteur est inscrit en blanc, au dessus du titre.Je suis heureux que ma mère soit vivante, c'est un peu la même chose, période bleue. Le film sorti en 2008, ne présente a priori que peu de ressemblances avec les films d'Audiard (2005) et d'Anger (2014), pourtant son affiche s'inscrit dans la même veine graphique standardisée.Sur le poster du long-métrage de Nathan et Claude Miller en effet, le visage glabre et légèrement amoché de Vincent Rothiers est accolé au titre fleuve, comme si le texte était une bulle de BD relatant ses pensées.Toujours dans la catégorie "films français récents avec des titres à rallonge", on retrouve souvent la même police de caractère et le même genre de design. C'est notamment le cas pour Violence des échanges en milieu tempéré, version assise et de loin, et pour Qu'un seul tienne et les autres suivront , version bi-colore et de semi-profil. Wouhou quelle audace. Qu'un seul marche au box-office et les autres suivront. La prochaine fois, je viserai l'originalité ? La prochaine fois je viserai le coeur est en ce moment dans les salles : Lire aussiNotre rencontre avec Cédric AngerNotre entretien avec Guillaume Canet