DR

Si vous l’aimez depuis SuperGrave et Easy Girl, rassurez-vous, le monde entier va enfin vous imiter.

Les stars adviennent quand les étoiles s’alignent. Emma Stone, 28 ans, est loin d’être une in- connue. Une nomination aux Oscars (pour son rôle dans Birdman), deux hits planétaires (les Amazing Spider-Man, de Marc Webb, avec Andrew Garfield), deux Woody Allen (comme Scarlett Johansson), deux films au bras de Ryan Gosling (Crazy Stupid Love et Gangster Squad), une place en 2015 dans la liste Forbes des quinze actrices les mieux payées au monde... Ce n’est pas dans Première qu’on va vous jouer la comédie de la « révélation » pour une vedette aussi confirmée. Et pourtant, tout de même. Regardons de plus près. Deux Woody ? Elle y est superbe mais secondaire, en soutien de premiers rôles tenus par Colin Firth et Joaquin Phoenix. Spider-Man ? On la faisait jouer Gwen Stacy, la blonde girl, plutôt que la rouquine Mary Jane (le blond serait sa couleur naturelle). La nomination Birdman ? Également pour un second rôle, quatre petites scènes (dont une grande, sur le toit). Bien sûr, elle les volait, et le film avec, mais quatre scènes seulement. C’était toujours une de plus que dans ses deux Ryan Gosling, où Ryan Gosling lui-même n’était qu’un second rôle de luxe. Une des quinze actrices les mieux payées au monde? Oui, mais tout en bas de la liste, quelque part entre Amanda Seyfried et Mila Kunis. Même si leurs courbes n’étaient clairement pas inclinées dans le même sens. Tout ça, c’était avant. Le talent, en revanche, c’était toujours, immanquable, remarquable. Une espèce de charme mutin, par en dessous, grâce aussi à un jeu de frange unique au monde. Si une actrice devait incarner l’étrange Emily (le personnage de BD gothique), ce serait Emma Stone, personne d’autre. Illusion fragile dans Magic in the Moonlight, de Woody Allen, Emma Stone est surtout extraordinairement graphique, comme dessinée, que ce soit avec un fusil à pompe dans Bienvenue à Zombieland ou en femme fatale au bar de Gangster Squad, robe lamée rouge entre Ava Gardner, Gene Tierney et Jessica Rabbit. Il est clair que sa petite tête ronde inspire les coiffeurs, que sa taille fine enchante les costumiers, que son regard stupéfie la caméra.

DR

Pourquoi La La Land a tout raflé aux Golden Globes

Les deux armes fatales d’Emma Stone : sa voix, un peu éraillée, posée dans les graves (un vieux gimmick emprunté à Lauren Bacall). Et surtout ses yeux, qui grandissent et rétrécissent à volonté, comme les yeux d’un poisson ou d’une héroïne de manga. Le réalisateur de La La Land, Damien Chazelle, dit qu’on aimerait s’y noyer et cite Ingrid Bergman. On ajoutera Ponyo, l’héroïne marine de Miyazaki. Sur le toit de Birdman, c’était ces yeux, déjà, qui s’ouvraient comme des soleils émotionnels. Dans La La Land, Stone refait le coup plusieurs fois, en particulier dans une séquence de casting, au tout début du film, où elle en joue comme un musicien virtuose joue de son instrument. Crescendo d’émotion, vibrato de larmes, trémolo de cils, modulation de pupille, retenue de paupières, nuance(s) de vert, tout y passe. Et tout le monde dans la salle retient son souffle. La La Land n’est que le deuxième vrai premier rôle d’Emma Stone après Easy Girl, sa comédie lycéenne, il y a six ans. Mais c’est le genre de film et de performance dont on ne se remet pas. Un instant avant/après. Avant, on était content de la voir dans un film. Après, plus question de rater une de ses apparitions. Il fallait que les étoiles s’alignent. Pour lui faire une haie d’honneur et l’accueillir parmi elles.

Damien Chazelle : "La La Land répond peut-être à certains besoins aujourd'hui"

La La Land sort en salles le 25 janvier. Bande-annonce :