Choix n°1 : Astérix - Le Domaine des Dieux, de Louis Clichy et Alexandre AstierSynopsis :  Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ ; toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Exaspéré par la situation, Jules César décide de changer de tactique : puisque ses armées sont incapables de s’imposer par la force, c’est la civilisation romaine elle-même qui saura  séduire ces barbares Gaulois. Il fait donc construire à côté du village un domaine résidentiel luxueux destiné à des propriétaires romains. : « Le Domaine des Dieux  ». Nos amis gaulois résisteront-ils à l’appât du gain et au confort romain ? Leur village deviendra-t-il une simple attraction touristique ? Astérix et Obélix vont tout faire pour contrecarrer les plans de César.D’après l’œuvre de René Goscinny et Albert UderzoL'avis de Première : Malgré les budgets délirants, les castings all-stars et, parfois, l’envie de bien faire, on n’y a jamais cru une seconde à leur village gaulois en carton-pâte, à leurs sangliers en images de synthèse approximatives et à leurs bastons sous potion façon Bud Spencer et Terence Hill. Obsédé par l’idée de rendre justice à la verve de Goscinny, chaque Astérix finissait par laisser complètement sur le bord de la route l’imagerie pop et speedée imaginée par Uderzo. Ayant opté pour une animation en CGI 3D dynamique et rutilante, Alexandre Astier et Louis Clichy (ex-animateur chez Pixar) ont contourné d’un coup le problème majeur des adaptations de la BD au cinéma en nous donnant justement l’impression qu’on regarde une adaptation d’Astérix et pas, au hasard, un épisode du "Plus Grand Cabaret du monde". Ici, en une scène, qui arrive juste après le générique, tout est au point : le design en rondeur des personnages, les vignettes péplum, le rendu paradisiaque de la forêt armoricaine, l’impression de vitesse supersonique dès qu’on s’envoie une rasade de potion… Bref, les deux superstars gauloises bougent enfin devant nos yeux. Et il aura donc fallu attendre 2014 pour concrétiser ce petit fantasme de cinéma. L’autre bonne nouvelle, c’est qu’Astier s’est démené pour le script, prêtant allégeance à l'efficacité de l’histoire originale, aux running gags attendus ("Qui est gros ?") et aux vannes de Goscinny, tout en se fendant d’une vision particulièrement bien sentie du personnage d’Obélix. Constamment observé à travers les yeux d’un môme à la fois apeuré et fasciné, le ventru Gaulois prend une dimension mythologique, devenant soudainement un véritable enjeu de cinéma (quelque part entre Hercule, Superman et Winnie l’ourson), à peine esquissée dans l’oeuvre originale. C’est dans cette passionnante relecture d’un héros connu de tous que le boulot d’Astier trouve sa légitimité et que la commande (car c’en est une) prend une tournure hautement personnelle. De l’auteur de Kaamelott, on avait jusque-là retenu son aisance pour le verbe qui claque et la joute orale qui fait mouche – qu’on retrouve ici avec plaisir – mais surtout cette capacité à faire décoller la pastille comique vers des territoires inattendus, à la fois sensibles et épiques. Son "Domaine des Dieux" est fait de ce bois-là, zigzaguant entre cartoon trépidant, sitcom en braies, poussées mélo et purs moments d’héroïsme qui nous scotchent à notre fauteuil (ce climax, bon sang !). C’est à la fois un vrai film d’auteur et un bon morceau de cinéma populaire, et ça donne surtout l’impression qu’Astier et Clichy ont trouvé la recette de la potion magique. Suffisait juste de la demander à Obélix.Bande-annonce :  Choix n°2 : Night Call de Dan Gilroy, avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo...Synopsis : Branché sur les fréquences radios de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il vend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n’aura aucune limite...L'avis de Première : À la fois satire de la télé poubelle et du monde du travail, portrait d’un fou en liberté et virée dans un Los Angeles miroitant et sauvage, le premier long métrage de Dan Gilroy risquait la dispersion. Or Night Call est tenu grâce au regard aiguisé et documenté du réalisateur, qui évoque une profession peu traitée à l’écran mais passionnante : les pigistes charognards de l’info. Succédant à un Michael Mann ou à un Nicolas Winding Refn dans sa façon de filmer L.A. by night, Gilroy ne se laisse pas intimider et livre ce qui pourrait modestement évoquer Collateral ou Drive, tout en trouvant sa propre couleur, plus à ras du bitume. Dans la peau de Lou Bloom, Jake Gyllenhaal, vautour aux traits émaciés, compose un hybride effrayant de Travis Bickle et de Norman Bates. Et confirme, treize ans après Donnie Darko et dans la foulée d’Enemy, qu’il est fait pour incarner des âmes sombres.Bande-annonce :  Choix n°3 : The Search de Michel Hazanavicius, avec Bérénice Bejo, Annette Bening...Synopsis :  Le film se passe pendant la seconde guerre de Tchétchénie, en 1999. Il raconte, à échelle humaine, quatre destins que la guerre va amener à se croiser.Après l’assassinat de ses parents dans son village, un petit garçon fuit, rejoignant le flot des réfugiés. Il rencontre Carole, chargée de mission pour l’Union Européenne. Avec elle, il va doucement revenir à la vie. Parallèlement, Raïssa, sa grande sœur, le recherche activement parmi des civils en exode. De son côté, Kolia, jeune Russe de 20 ans, est enrôlé dans l’armée. Il va petit à petit basculer dans le quotidien de la guerre.Remake du film Les anges marqués de Fred ZinnemannL'avis de Première : Quand on a débuté sa carrière en faisant dire des gros mots à John Wayne ("La Classe américaine"), recevoir un Oscar pour "The Artist", hommage à l’âge d’or hollywoodien, ressemble à une traversée du miroir. Que faire après ça ? Quelle route emprunter ? C’est à l’aune de ces interrogations qu’il faut comprendre le titre du film de Michel Hazanavicius. C’est de la "recherche", littéralement, un laboratoire où le réalisateur se demande à quoi ressemblerait son cinéma une fois débarrassé des références pop, du goût du pastiche et de l’ironie. À un mélo historique ? Une fresque guerrière ? Un brûlot édifiant ? Le risque que prend "The Search", c’est de n’exister qu’en creux, dans les pistes qu’il explore et les questions qu’il laisse en suspens. Ça ne veut pas dire qu’il n’est pas parsemé d’extraordinaires moments de cinéma, dus pour la plupart au petit Abdul Khalim Mamatsuiev, fulgurante silhouette mutique et chaplinienne. Chez Hazanavicius, le muet n’est jamais loin… On pourra reprocher ce qu’on veut à sa filmographie mais certainement pas de manquer de cohérence ni de panache.Bande-annonce :  Les autres sorties ciné de la semaine sont ici