Dean De Blois : "Pour Dragons 2 on voulait multiplier les moments Miyazaki"
20th Century Fox

Le classique d'animation de Dreamworks revient à 21h sur France 4.

Il y a plusieurs scènes dans Dragons 2 qui font penser au génie de l’animation japonaise. Les moments de glisse entre l’Azur et les nuages, les monstres marins qui ressemblent aux Yokais de Chihiro ou, encore mieux, la plus belle scène du film, l’apparition fantasmatique d’une guerrière remontée des âges obscurs qui traversent les nuages pour rejoindre le héros... Harold chevauche Krokmou, s’allonge sur le dos de son dragon et voit sortir des nimbes une figure infernale, un masque primitif en suspension qui émerge quelques instants, puis s’enfonce dans la ouate crémeuse avant de réapparaître plus menaçant. Secondes silencieuses, inquiétantes qui encapsulent la beauté de ce film fabuleux. Le contraste entre la violence de la plastique amazone (oui, il s'agit d'une femme) et la douceur qu’elle va révéler sous le masque, ce moment de suspension, la beauté aquarellée des images… Impossible de ne pas penser à Miyazaki dont les films sont toujours placés sous les signe d’un féminisme puissant. Pas un féminisme sentimental, mais, comme ici, politique et psychologique.  

 

Dragons 2 est un chef d'oeuvre absolu de l'animation

"Miyazaki est une boussole pour moi, un maître, nous expliquait Dean DeBlois, à sa sortie en 2014. J’adore ses films surtout pour le sens du merveilleux qu’il insuffle à chaque fois. Pour moi, ce feeling, ce sens de l’émerveillement et du mystérieux est plus important que la comédie. Je sais que chez Dreamworks, les gens sont mal à l’aise si le spectateur ne rit pas. J’ai l’impression, au contraire, que ce n’est pas grave si les gens sont impliqués émotionnellement. Le rapport au film est plus fort, dure plus longtemps. La scène dont vous parlez est représentative de cette philosophie. On n’a jamais copié littéralement des scènes de films Ghibli, mais on voulait multiplier ce qu’on appelait entre nous les moments Miyazaki. Ca nous est arrivé plusieurs fois de nous dire : « Ouah, ça c’est un moment Miyazaki ». Pour cette scène c’était le cas. Comme pour la séquence où le Léviathan et Krokmou se retrouvent nez à nez… On est dans le merveilleux, dans la suspension. On a beaucoup réfléchi à cette apparition… Il fallait que ce moment soit un pur geste de grâce. Mais Miyazaki se cache aussi ailleurs. Et notamment dans le design de Krokmou: dès le premier film on voulait que le dragon ait un handicap. C’est le morceau de queue qui lui est enlevé. Et Harold le "répare" en lui mettant une prothèse qu’il contrôle avec des pédales. Ce mélange entre un corps organique et ces bouts mécaniques qui ressemblent à des créations de Leonard De Vinci, ça pour moi, c’est du Miyazaki. Dragons est un film qui est nourri par cette figure là, par son imaginaire".
Propos recueillis par Gaël Golhen


Dragons : L'amitié entre Krokmou et Harold en trois scènes craquantes