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Devinez quoi ? Le réalisateur de Platoon, Wall Street et Tueurs nés n’aime pas trop l’ambiance à Hollywood ces temps-ci.

Oliver Stone n’est pas content (à force, on devrait l’écrire sur sa carte d’identité), et il le rappelle dans une interview donnée au New York Times pour la parution de son essai, Chasing the Light. Le cinéaste pointe du doigt "le marketing" des films hollywoodiens, "tellement coûteux…". Mais il n’y a pas que les frais publicitaires que Stone déteste : "tout est devenu trop fragile, trop sensible. Aujourd’hui, à Hollywood, tu ne peux plus faire un film sans un conseiller COVID. Tu ne peux plus faire un film sans un conseiller en sensibilité ("sensitivity counselor"). C’est ridicule", estime le cinéaste. "Je viens de lire un article sur le fait que les films allaient devenir de plus en plus chers à produire, parce que vous devez prendre tout un tas de précautions, et qu’un tournage de 50 jours allait se transformer en tournage de 60 jours, et qu’il fallait respecter la distanciation sociale entre acteurs." Stone n’a pas non plus épargné l’Académie des Oscars, et le changement de leur méthode de vote et de choix de leurs membres pour plus d’inclusivité : "l’Académie change d’avis tous les cinq ou dix mois pour rester à la place", déclare Stone, blasé. "C’est du politiquement correct de [censuré], j’ai vraiment hâte d’en terminer avec ce monde. Je ne l’ai jamais vu aussi dingue. C’est comme le goûter dans Alice au Pays des merveilles."

Précisons que le boulot de "sensitivity counselor" auquel le réalisateur de Tueurs nés fait référence est de plus en plus présent dans le monde culturel anglo-saxon. Il s’agirait de relecteurs chargés de détecter dans une œuvre les moments qui pourraient porter à polémique. On pourrait débattre évidemment de l’utilité subjective de ces "démineurs" (ça ferait d’ailleurs un bon sujet de film), mais par contre, Oliver, les mesures de sécurité concernant le COVID-19, elles sont tout à fait objectives, elles…

Ma scène culte de Platoon, par Oliver Stone

"Je n'ai pas besoin de faire un film à Hollywood. je n'ai pas besoin de l'accord des patrons", affirme Stone, qui dit ne pas sentir le besoin de faire un film hollywoodien : "franchement, j'en ai fait 20, et ça m'a lessivé." Le dernier film de fiction d'Oliver Stone en tant que réalisateur remonte à 2016 : il s’agit de Snowden avec Joseph Gordon-Levitt, sur le fameux lanceur d'alerte de la NSA, que l’on a beaucoup aimé à Première à sa sortie : "c'était tellement dur à faire. On a lutté pour avoir le budget, à cause du sujet, je crois..." Son récent fait d’armes est d’avoir rencontré Vladimir Poutine en 2017 pour une série d’entretiens, Conversations avec Monsieur Poutine. Stone prépare actuellement une série documentaire sur l’assassinat de Kennedy, JFK : Destiny Betrayed, ainsi qu’un autre, A Bright Future, sur les énergies non polluantes. Il devrait également retrouver Benicio Del Toro pour le road trip existentiel White Lies, si le réalisateur daigne se plier aux règles hollywoodiennes. Dans l'interview du New York Times, il estime également qu'Universal a sacrifié Savages (2012) avec Benicio en le faisant sortir à l'été face à la comédie Ted avec Mark Wahlberg. "On me propose toujours des trucs, mais ça ne m'inspire pas. Je ne sens plus rien au fond de moi, je ne ressens plus la flamme de supporter la douleur et à la misère".

 

Snowden est un thriller efficace où Oliver Stone retrouve son mordant [critique]