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Première a retrouvé le troisième héros du film culte de Mathieu Kassovitz, qui se fait plus discret que ses compères Vincent Cassel et Saïd Taghmaoui.

La Haine a 20 ans.

Le film culte de Mathieu Kassovitz, qui a fait la couverture de Première à sa sortie en 1995 et qui a été diffusé dans sa version restaurée par le Première Ciné Club le 15 décembre, n’a pas pris une ride.

Mais les trois héros du drame en noir et blanc ont bien changé. Si on connaît tous la carrière de Vincent Cassel/Vinz et que Saïd Taghmaoui fait partie de ces rares Français qui tournent à Hollywood, Hubert Koundé est plus discret.

Que devient le cousin Hub ?

Révélé en 1993 par Métisse, de Mathieu Kassovitz, dans lequel il campe l’un des deux amants de Lola (Julie Mauduech), il explose grâce à La Haine. Son interprétation de Hubert - un jeune banlieusard qui deale du hash dans l’espoir de sortir de la cité, partagé entre violence et sagesse - lui vaut une nomination aux César dans la catégorie Meilleur Espoir Masculin, aux côtés de Vincent Cassel et Saïd Taghmaoui.

Mais aujourd’hui, Hubert Koundé a 44 ans et cela fait plus de dix ans qu’on ne l’a pas vu au cinéma.

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Après avoir notamment joué dans la comédie Restons Groupés (1998) et dans le film d’Anne Fontaine Comment j’ai tué mon père (2001), l’acteur a tenu le rôle principal du drame franco-sénégalais Le Prix du Pardon (2002) puis s’est illustré dans la peau d’un médecin kényan dans The Constant Gardener, face à Ralph Fiennes et Rachel Weisz. C’était en 2005.

Les rôles consistants ont été trop rares mais Hubert Koundé n’a pas pris sa retraite : c’est à la télévision qu’il s’est le plus souvent exprimé.

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Citons notamment une apparition surprenante dans la sitcom de France 3 Plus Belle la Vie en 2005, mais surtout des rôles secondaires dans des séries policières comme Greco, Central Nuit, Pigalle la nuit – dans laquelle il campe un tueur glaçant – ou encore Braquo, où il prête ses traits au tireur d’élite Jonas Luanda.

Avec sa présence imposante et son regard pénétrant, l’acteur est abonné aux rôles de méchants, aux personnages sombres et taciturnes, mais pas seulement. Le Franco-béninois s’est aussi essayé au registre de la série en costumes d’époque avec 1788 et demi, qui suit les péripéties d’une famille de la noblesse française, et Toussaint Louverture, consacrée au chef de la révolution haïtienne.

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Hubert Koundé, qui a réalisé deux courts et un long-métrage, s’est frotté au théâtre à deux reprises : en 2001 il a foulé les planches des Bouffes du Nord dans Le Costume avant de passer à la mise en scène avec Cagoule (2004), pièce qu’il a également écrite.

Face à la caméra, on a pu le voir pour la dernière fois sur France 3 en 2014 dans le téléfilm (vite oublié) La Vallée des Mensonges.

Contacté par Première, l'acteur qui regrette d'être "beaucoup sollicité quand il y a des attentats" admet que son parcours est celui de beaucoup d'acteurs, "pas seulement noirs", qui peinent à trouver des rôles et à poursuivre une carrière sur le long terme. Afin de ne plus subir le système et pouvoir s'investir sur des projets qui lui sont chers, Hubert Koundé explique avoir tenté de se lancer dans la production. Désireux de monter des films sur la banlieue - pour aider la jeunesse à s'en sortir grâce au cinéma et donner au public une autre image des quartiers qu'on appelle "défavorisés" - il s'est heurté à la frilosité des investisseurs pour le sujet. Lucide mais pas amer, celui qui s'est fait connaître en jouant un jeune des cités réalise que malgré l'engouement que continue de susciter le chef d'oeuvre de Mathieu Kassovitz 20 ans après sa sortie, "il n'y a plus personne" quand il faut s'engager concrètement.

Rare à la télévision et encore plus au cinéma, absent des médias, Hubert Koundé n'a plus la haine. Totalement désintéressé par le star-system, il "n'aime pas parler de lui quand il n'a rien à dire" et  continue de s'investir auprès de la jeunesse des banlieues, sans en faire la promotion.