Abaca

Le scénariste oscarisé et créateur du monument de la télé A la Maison Blanche a écrit une lettre bouleversante à sa fille de 15 ans.

Aaron Sorkin s'y connaît en politique : pendant sept ans, il a écrit son fantasme de la politique américaine et fait vivre dans un Bureau Oval alternatif un des plus grands présidents des Etats-Unis. Jed Bartlet, le président de The West Wing (A la Maison Blanche) incarné par Martin Sheen, est un Démocrate éclairé, un homme d'une intelligence supérieure, d'une grande culture et d'une parfaite droiture morale. Autant dire que face à lui, Donald Trump, le 45e président des Etats-Unis (en vrai) fait figure d'antéchrist. 

Au lendemain de cette victoire cauchemardesque, le scénariste engagé et oscarisé pour The Social Network a écrit une lettre à la fois dramatique et combattive à sa fille publié sur le site de Vanity Fair dont voici quelques extraits.

« Le monde a changé hier soir, et je n’ai rien pu faire. C’est un sentiment terrible pour un père. Je ne vais pas minimiser, c’est vraiment horrible. C’est loin d’être la première fois que mon candidat perd (c’est d’ailleurs le sixième), mais c’est la première fois qu’un porc totalement incompétent, aux idées dangereuses, aux troubles psychiatriques sévères, sans aucune connaissance du monde ni aucune volonté de le connaître gagne.
(…)
Pendant les quatre prochaines années, la Présidence des Etats-Unis, une fonction occupée par Washington et Jefferson, Lincoln et Teddy Roosevelt, F.D.R., J.F.K. et Barack Obama, sera exercée par un homme-enfant qui passera des heures à répondre sur Twitter à ceux qui le critiquent (et ceux-ci sont légion). Nous sommes une honte, pour nos enfants et pour le monde entier.
(…)
Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
(…)
Nous allons nous battre, putain. Nous ne sommes pas démunis, nous ne sommes pas sans voix.
(…)
Nous nous impliquerons. Nous ferons ce que nous pouvons pour combattre les injustices – en faisant un chèque ou en remontant nos manches. Notre famille est assez protégée des effets d’une présidence Trump donc nous nous battrons pour les familles qui ne le sont pas. Nous nous battrons pour la liberté de choix des femmes. Nous nous battrons pour le Premier Amendement et nous nous battrons surtout pour l’égalité – non pas pour une garantie d’égalité salariale mais pour l’égalité des chances. Nous resterons debout.

L’Amérique n’a pas cessé d’être l’Amérique hier soir et nous n’avons pas cessé d’être américains. Et il y a une chose à savoir sur les Américains : nos heures les plus sombres ont toujours – toujours – été suivies par nos plus grands moments.
(…)
Le combat ne fait que commencer. »

La lettre est en intégralité sur le site de Vanity Fair.