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Synchronisation des montres ! La saison 1 de Parker Lewis ne perd jamais arrive enfin en France. Vingt-six ans plus tard.

Un lycéen cool et arnaqueur qui s'adresse au spectateur, des histoires d'amour légères comme tout, une réalisation ironique et distanciée : Parker Lewis ne perd jamais (Parker Lewis Can't Lose en VO) n'a jamais caché avoir tout pompé, ou presque, dans La Folle journée de Ferris Bueller, le chef-d'oeuvre de John Hughes sorti en 1986. Mais en France, pour les jeunes spectateurs du Club Dorothée en septembre 1990, le lien n'était pas évident du tout. Trois saisons plus tard, la série fut annulée par la chaîne Fox faute d'audience. Mais suite à une folle histoire de droits, elle n'avait jamais été éditée, ni en VHS, ni en DVD en France. Jusqu'à ce 24 juin 2016 où l'éditeur Condor Entertainment propose enfin la saison 1 de Parker Lewis en DVD. Une série qui a été éclipsée par Sauvés par le gong (1989-1993) ou Beverly Hills (1990-2000), et qui se situe dans le même univers californien fantasmé peuplé de brushing 90s et de lycéens ensoleillés. Sauf que Parker Lewis a piqué à John Hughes son sens du méta, qui irrigue les deux premières saisons de la série. Accélérés, ralentis, gags cartoonesques (le manteau de Jerry Steiner rempli de gadgets), voix off constamment ironique, personnages bigger than life (Lemmer le surveillant-vampire qui ne se reflète pas dans les miroirs, l'ogre Kubiac), répliques cultes (les leitmotivs "note pour plus tard" et "pas de problème") et charme irrésistible du héros Corin Nemec. Nostalgie mise à part, et si l'on supporte les chemises imprimées flashy de Parker et ses copains, la série résiste incroyablement à l'épreuve du temps : chaque épisode de la saison 1 est un vrai concentré de vitamines. D'accord, la qualité visuelle et ses références datées risquent de faire un peu mal aux yeux aux spectateurs d'aujourd'hui. Par exemple, la boutique du père de Parker fourmille de gadgets 90s : une console portable Lynx, des Megadrive, une affiche de Total Recall, une pub pour le jeu vidéo Red Storm Rising où l'URSS envahit le monde, et même un laser disc (appelé "CD" dans les sous-titres) de Blade Runner.

Ce qu'on ne savait pas à l'époque en France, c'est que la chaîne NBC diffusait en même temps que Parker Lewis sa propre adaptation en série de La Folle journée de Ferris Bueller, avec Charlie Schlatter (futur acteur de la série Diagnostic : Meurtre) dans le rôle de Ferris et une jeune actrice nommée Jennifer Aniston pour jouer sa soeur. Dans la première scène du premier épisode, Ferris découpe à la tronçonneuse une silhouette en carton de Matthew Broderick. Le générique ne faisait aucune référence à John Hughes. La série, intitulée simplement Ferris Bueller, fut mal reçue et en termes d'audience et en termes de critiques, et ne dura qu'une seule saison de treize épisodes. Ironiquement, Parker enterra Ferris, son modèle de cinéma devenu pâlichon sur le petit écran. Et ce qu'on ne pouvait pas encore savoir, c'est que Parker Lewis ne perd jamais a été créé par le duo Lon Diamond et Clyde Philips, ce dernier futur producteur de Dexter et Nurse Jackie. Parmi les acteurs de la série, notons que Corin Nemec loupera la suite de la carrière en partie à cause de son engagement trop profond dans la Scientologie. Son rôle le plus important sera celui de Jonas Quinn, l'un des héros de la saison 6 (2003) de Stargate SG-1. Gageons que le grand public se souvient surtout de l'immense Abraham Benrubi alias Kubiac grâce à son job de Jerry Markovic dans les 15 saisons d'Urgences.

L'édition française, comme l'intégrale de la saison 1 parue en 2009 chez l'éditeur américain Shout ! Factory (donc en zone 1)comprend une featurette de 30 minutes (The History of Coolness) créée spécialement pour cette édition et qui réunit quasiment tout le casting de la série partageant leurs souvenirs sur la création du show. La question cruciale : la troisième et dernière saison de Parker abandonnait complètement le style méta-cartoon des deux premières saisons. D'ailleurs, Shout ! n'a jamais réédité cette saison. En attendant de voir si l'édition française ira jusque-là, impossible de louper cette version. A quelques kilomètres de Sunnyvale, le cousin de Ferris Bueller, Malcolm et d'Edgar Wright (sa série Spaced est un héritier direct de Parker) a passé trois ans au lycée de Santo Domingo et c'est bon de retourner là-bas.

Parker Lewis ne perd jamais, intégrale saison 1, sortie le 24 juin, 29,99€.