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Source Code revient à 20h55 sur W9.

Ce soir, Source Code nous entraîne au plus profond des méandres de l'esprit humain, celui de Jake Gyllenhaal en l'occurrence. À travers le rôle d'un individu amnésique obligé de revivre les dernières minutes de la vie d'un autre pour remonter la trace d'un attentat terroriste, le réalisateur Duncan Jones nous plonge dans un thriller de science-fiction intelligent et paranoïaque, très marqué de l'esprit américain post-11 septembre.

Deuxième réalisation du cinéaste Duncan JonesSource Code a affirmé la patte d'un réalisateur doué et exigeant. Salué par la critique et succès populaire, le film a placé beaucoup d'espoir dans le jeune réalisateur, qui a su se faire un nom et se bâtir une carrière extrêmement prometteuse dans l'ombre d'une (très) prestigieuse ascendance. Avant de (re)découvrir l'étendue de son talent dans Source Codeà partir de 20h55 sur W9, focus sur celui qui s'affirme comme l'un des petits prodiges de sa génération, et aura l'occasion prochainement d'entrer dans la cour des grands.

Moon
Né le 30 mai 1971, Duncan Jones est né sous une bonne étoile (ou devrait-on dire une bonne poussière d'étoile) puisqu'il n'est autre que le fils de David Bowie (de son vrai nom David Robert Jones) et de la première épouse du chanteur, la mannequin Angela Barnett. Celui pour qui son père écrit la chanson "Kooks" sur l'album Hunky Dory la même année grandit entre Berlin (où Bowie est en train de composer sa "trilogie berlinoise") et la Grande-Bretagne où il passe son adolescence dans le prestigieux pensionnat de Gordonstoun (le même que celui du prince Charles) avant d'intégrer la London Film School après des études en philosophie.

Il s'y révèle un élève doué, et déjà fasciné par la science-fiction, une passion héritée de son père, dont l'imaginaire SF a nourri toute sa carrière aussi bien comme chanteur (Ziggy Stardust) que comme acteur (L'homme qui venait d'ailleurs de Nicolas Roeg). Passionné par l'âge d'or de la SF, de Silent Running à 2001, l'odyssée de l'espace en passant par Blade Runner, il débute en tant qu'opérateur caméra pour Tony Scott, mais aussi sur les tournées de son père, filmant notamment le concert géant pour son cinquantième anniversaire au Madison Square Garden.

S'il signe son premier court-métrage en 2002, Whistle, qui marque la rencontre d'un tueur à gages amélioré technologiquement avec une de ses victimes, il s'illustre d'abord dans la publicité et dans le jeu vidéo, réalisant les cinématiques et scénarisant une partie de l'intrigue du jeu Republic : The Revolution.

La véritable révélation viendra en 2009 et la sortie de son premier long-métrage, Moon. Prodige de science-fiction minimaliste sur un astronaute (Sam Rockwell) sombrant dans la folie et la paranoïa à bord d'une station lunaire, Moon devient un phénomène de festivals, remportant le prix du jury et de la critique au festival de Gérardmer, et surtout le BAFTA de la meilleure première œuvre britannique. Si le film reste avant tout un succès d'estime (il sort directement en DVD en France notamment), Moon offre une carte de visite à Duncan Jones, par ailleurs aussi scénariste de ce film fortement marqué par l'héritage de Philip K. Dick.

"Moon est une œuvre troublante, ciselée, intelligente et qui confirme la naissance d'un grand cinéaste"

Source Code
Le film tape alors dans l'oeil à l'époque d'un certain Jake Gyllenhaal. Impressionné par le résultat, l'acteur entame alors une campagne de lobbying auprès du producteur Mark Gordon pour imposer Jones à la tête de Source Code, le seul projet jusqu'ici que Jones n'a pas scénarisé. Film de commande écrit par le scénariste Ben RipleySource Code reçoit néanmoins la patte de Duncan Jones, cinéaste autant obsédé par la profondeur de la psyché humaine que par le futur qui nous attend.

L'association entre l'acteur et le réalisateur est la grande trouvaille de Source Code, comme le souligne au moment de sa sortie la critique de Première : "Source Code est un faux blockbuster dont le scénario a été dynamité par Duncan Jones, le fils doué de David Bowie. En bon fan de Philip K. Dick, il simule les conventions d'un genre calibré pour proposer un remake de son premier long-métrage, Moon, en amplifiant la dimension parano et la solitude lunaire. L'autre bonne surprise, c'est Jake Gyllenhaal, qui se métamorphose en avatar adulte de Donnie Darko en reprenant le costume du superhéros paumé dans les limbes de la 4e dimension. A l'arrivée, un vrai retour vers le futur, où, comme dans le film culte de Richard Kelly, l'amour et le libre arbitre ne sont que des trompe l'oeil". Outre les bonnes critiques qui l'accompagnent, Source Code se révèle notamment très rentable au box-office : si le film atteint les 700.000 entrées en France, à l'échelle mondiale il engrange près de 150 millions de dollars de recettes, soit cinq fois son budget initial.

"Jake Gyllenhaal, qui se métamorphose en avatar adulte de Donnie Darko dans Source Code" (critique)

Warcraft
Ce succès en poche, Duncan Jones est prêt à franchir encore un pallier supplémentaire, celui qui peut le faire entrer parmi les grands réalisateurs de l'imaginaire à Hollywood. En janvier 2013, Sam Raimi annonce son départ de la réalisation du film adapté de l'univers vidéoludique de Warcraft, en chantier depuis 2006. Duncan Jones est alors choisi pour le remplacer et insuffler une nouvelle dynamique à un projet en développement depuis déjà sept ans.

Avec Duncan Jones aux manettes et au scénario, le projet Warcraft repart de l'avant. Portée par Ben FosterPaula PattonDominic Cooper ou Toby Kebbell, cette aventure fantasy centrées sur les premières rencontres entre les humains et les orcs de l'univers de Blizzard feit figure de grand test pour Duncan Jones, qui est pour la première fois à la tête d'un blockbuster à gros budget (au moins 100 millions de dollars). Le film remporte un succès mitigé auprès du public : Warvcraft a franchi les 200 millions de dollars en Chine, mais a rapporté moins de 50 millions aux Etats-Unis, ce qui fait qu'il est considéré là-bas comme un flop. Les critiques sont également divisées, notamment à cause de l'omniprésence du numérique. Si Duncan n'est déjà plus uniquement depuis longtemps le fils de David Bowie, il préfère pour l'instant revenir à un projet plus indépendant.

Warcraft est en tête du top des adaptations de jeux vidéo au cinéma

Mute
Duncan Jones a tourné cet hiver un nouveau long métrage de science-fiction. Situé dans un futur proche, Mute suivra Leo (Alexander Skarsgard), barman dans un Berlin en pleine ébullition. À cause d’un accident survenu dans son enfance, il perd l’usage de la parole et ne vit plus que pour sa séduisante petite-amie Naadirah. Quand elle disparaît sans laisser de trace, Leo se met à sa recherche et se retrouve dans les bas-fonds de la ville. Deux espiègles chirurgiens américains (dont Paul Rudd) constituent les seuls indices qui le poussent à affronter ce milieu infernal afin de retrouver son amour. 

Très inspiré par Blade Runner, Mute sera également lié à Moon via le personnage de Sam Bell (Rockwell), et le réalisateur le présente depuis des années comme "le film de ses rêves". Il devrait être diffusé cette année sur Netflix.

Un clin d'oeil à Moon se cache sur ces photos de Mute, le film Netflix de Duncan Jones

L'histoire de Source Code "Colter Stevens ne comprend pas ce qu'il fait dans ce train à destination de Chicago, ni qui est cette femme qui s'adresse à lui avec la même assurance que s'ils se connaissaient parfaitement. Pour autant qu'il s'en souvienne, la dernière fois qu'il a eu conscience d'être lui, il effectuait une mission de reconnaissance en Afghanistan. La situation se complique de plus en plus. Sa carte d'identité porte le nom de Sean Fentress. Son visage n'est pas le sien et une explosion détruit brusquement le train. Quand Colter se réveille, cette fois-ci dans un caisson hérissé d'appareils électroniques, il apprend qu'il a intégré le corps d'un mort, victime d'un attentat ferroviaire, pour y mener une enquête dans sa mémoire et dans le temps..." 

Bande-annonce du film rediffusé ce soir sur W9 :