Ibrahim de Samir Guesmi
Anne- Françoise Brillot

Le premier long métrage de Samir Guesmi remporte 4 trophées lors d’une édition qui a tenu toutes ses promesses.

Le pari est réussi. Et avant tout commentaire sur le palmarès, l’essentiel se situe bel et bien là. Le premier festival de cinéma « en présentiel » majeur s’est donc tenu à Angoulême et tous les voyants furent au vert. Une sélection qui s’est avérée l’une des plus riches depuis la création de la manifestation. Des équipes de films qui ont répondu présentes. Et un public qui a retrouvé en masse le chemin des salles, principe de distanciation bien assimilé, offrant à quelques-uns des films présentés (Adieu les cons d’Albert Dupontel, Le Discours de Laurent Tirard...) des standing ovations laissant augurer de belles perspectives pour leurs futures sorties en salle.

La compétition, en elle- même (réunissant 10 longs métrages), était au diapason de cet excellent niveau, dans des registres extrêmement divers, d’Antoinette dans les Cévennes avec la géniale Laure Calamy à L’Etreinte (qui marque le retour en majesté d’Emmanuelle Béart) en passant par les débuts à la réalisation prometteurs de Nicolas Maury avec Garçon chiffon. Bref, six prix n’allaient a priori pas être de trop pour traduire l’enthousiasme des festivaliers devant cette compétition 2020.

Voilà pourquoi le palmarès concocté par le jury présidé par le duo Délépine- Kervern laisse sur sa faim. Pas par le choix de son Valois de Diamant, accordé à Ibrahim, le premier long métrage de Samir Guesmi (en salles le 9 décembre). Le comédien (présent aussi ici à l’image) réussit de brillants débuts de cinéaste avec cette histoire de relation père- fils compliquée sur fond de non- dits et de galères financières. Un film traversé par une humanité enveloppante et jamais chichiteuse qui révèle en outre un jeune comédien épatant, Abdel Bendaher

 


Sauf que, outre ce Valois de Diamant, Ibrahim repart d’Angoulême avec les prix de la mise en scène, du scénario et de la musique (Raphaël Eligoulachvili). Quatre trophées qui, en creux, pourraient donner l’impression d’une sélection faible où le jury a dû galérer pour trouver des œuvres dignes d’être récompensées. Tout le contraire donc du ressenti sur place où on était plutôt enclin à les plaindre devant l’embarras du choix ! 

Heureusement, Petit pays d’Eric Barbier et Un triomphe d’Emmanuel Courcol font mieux que sauver l’honneur avec, respectivement, le prix d’interprétation féminine pour Isabelle Kabano et celui de l’interprétation masculine (doublé par le Prix du public) pour les épatants Sofian  Khammes et Pierre Lottin. Et le jury des étudiants francophones a eu, aussi la belle idée de sortir des sentiers battus de ce palmarès quelque peu en manque de générosité en accordant leur Valois à Slalom de Charlène Favier, qui raconte l’emprise d’un entraîneur de ski (Jérémie Rénier) sur une de ses élèves (Noée Abita). Il aurait vraiment été injuste que ce remarquable premier long - sur le fond comme sur la forme  reparte de bredouille de cette édition. Merci donc à eux !