Diaphana

Porté par Jean-Pierre Daroussin, ce film sera diffusé ce soir sur Arte.

Les Neiges du Kilimandjaro, de Robert Guédiguian, emprunte son titre au célèbre roman d’Ernest Hemingway, mais nous raconte une toute autre histoire : Bien qu’ayant perdu son travail, Michel vit heureux avec Marie-Claire. Ces deux-là s’aiment depuis trente ans… Leurs enfants et leurs petits-enfants les comblent… Ils ont des amis très proches… Ils sont fiers de leurs combats syndicaux et politiques… Leurs consciences sont aussi transparentes que leurs regards. Ce bonheur va voler en éclats avec leur porte-fenêtre devant deux jeunes hommes armés et masqués qui les frappent, les attachent, leur arrachent leurs alliances, et s’enfuient avec leurs cartes de crédit… Leur désarroi sera d’autant plus violent lorsqu’ils apprennent que cette brutale agression a été organisée par l’un des jeunes ouvriers licenciés avec Michel.

Première avait été surpris par ce long-métrage, qui montre à quel point dans une vie, tout peut nous être repris en un fragment de secondes. Voici notre critique, publiée lors de sa diffusion dans le cadre du festival de Cannes 2011. Nous la repartageons à l'occasion de la rediffusion du film, à 20h55 sur Arte. Notez qu'il sera suivi d'un documentaire déjà visible en replay, On va tout péter.

On connaît bien Robert Guédiguian, ses chroniques populaires saveur aïoli, ses santons qui fleurent bon la gauche à l’ancienne. Les Neiges du Kilimandjaro était parti pour n’être que ça. Et puis non. Le racket du petit couple exemplaire fait peser sur ce Marius et Jeannette chapitre XV la menace d’un vigilante movie. Émule de Jaurès, Michel (Darroussin, impérial) se rêve en justicier solitaire, et son beau-frère, détroussé lui aussi, se verrait bien en Charles Bronson. La force du film tient justement à cette mise à l’épreuve idéologique, tension formidable qui consiste moins à faire le procès des coupables qu’à remettre en cause les victimes. Car, en plein délabrement social, c’est bien cette génération sujette à l’autosatisfaction et désignée par la suivante comme privilégiée que sonde Guédiguian, entre courage, lucidité et tendresse. À son âge, il fallait oser.

Bande-annonce :

 

La Villa - Robert Guédiguian : "je voulais faire le plus grand film du monde dans le plus petit endroit du monde "