Sean Connery à propos de James Bond
MGM

A la fin des années 1970, la star a failli mettre un scène un épisode de 007.

Cette semaine, Sean Connery fête ses 90 ans : l'acteur écossais est né le 25 août 1930 à Edimbourg. A cette occasion, Première fouille dans ses archives et retombe sur des anecdotes de carrière plus surprenantes les unes que les autres. Saviez-vous par exemple qu'il avait failli réaliser un épisode de James Bond ? Voici les détails.

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La "guerre des Bond", qui opposa en 1983 Octopussy à Jamais plus Jamais, est entrée dans l'histoire. Mais un premier match faillit déjà opposer Roger Moore et Sean Connery en 1977 : L'Espion qui m'aimait contre Warhead. Warhead, tous les connaisseurs des aventures cinématographiques de l'agent 007 le savent, c'est le nom de code de la première version "non-officielle" du retour de Sean Connery en James Bond, sept ans avant Jamais plus Jamais. Un film que Connery avait écrit, et qu'il devait réaliser et interpréter, face à L'Espion qui m'aimait avec Roger Moore en 1977. Un exemplaire du scénario s'est vendu aux enchères chez Sothebys en 2008 pour 46 850 £...

Un Star Wars sous la mer
Petit retour en arrière : fatigué du personnage de Bond, Sean Connery quitte la série en 1967 avec On ne vit que deux fois, pour revenir brièvement en 1971 avec Les Diamants sont éternels, avant de dire (provisoirement) adieu au rôle qui l'a rendu célèbre. Quelques années plus tard, en 1975, le producteur Kevin McClory, qui possède les droits d'adaptation cinématographique d'Opération Tonnerre, voit expirer la clause de son contrat signé avec EON, qui lui interdisait de remaker le film dans les dix ans suivant la sortie de l'original. Bien décidé a profiter de cette mine d'or potentielle, McClory décide d'attacher Sean Connery à son projet de remake, moyen idéal pour lever des fonds. Contre toute attente, il réussit à convaincre l'Ecossais, d'abord en lui confiant l'écriture du script, pour laquelle il est assisté de Lein Deighton (la série des Ipcress Files portée à l'écran par EON avec Michael Caine), puis progressivement en lui confiant la réalisation, et finalement l'interprétation, la femme de Connery lui suggérant en personne que le moment était venu de reprendre le rôle.   Le scénario qui circule a Hollywood est jugé monumental, qualifié littéralement de "Star Wars sous la mer" : basé sur le roman original Opération Tonnerre, il le remet au goût du jour avec des idées purement bondiennes, comme les mythiques requins robots nucléaires téléguidés lâchés dans les égouts de New York et culmine avec un face à face entre Bond et Largo au sommet de la statue de la liberté. Mais au delà de l'action, le script explore surtout la "psyche" bondienne, en montrant un 007 moins Superman qu'auparavant, plus humain - une approche introspective alors à mille lieux des fantaisies officielles produites par EON, et qui préfigure par bien des côtés le reboot actuel avec Daniel Craig.

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La guerre des Bond n'aura pas lieu
La pré-production avance suffisamment pour emmener Connery en personne faire des repérages, notamment aux pieds de la statue de la liberté où il est photographié. En découvrant les photos, Broccoli, en pleine préparation de L'Espion qui m'aimait, pète un câble. L'interprète original de retour dans le rôle de Bond, devant et derrière la caméra ? De quoi mettre en péril SA série. Il lâche une armada d'avocats contre le producteur Kevin McClory, qui contre attaque en lui interdisant d'utiliser le SPECTRE dans la série officielle. Dans cet incessant échange juridique, les ambitions de Warhead semblent cependant déteindre sur L'Espion qui m'aimait, sans cesse réécrit pour emprunter des thématiques à "l'autre film" : on pense à Jaws, réponse sans aucun doute aux requins téléguidés, et la thématique "océannienne". La presse s'excite, sept ans avant Jamais plus Jamais, en prédisant un face à face entre les deux acteurs et les deux films.   Malheureusement, cette première guerre des Bond n'aura pas lieu. Face à EON et aux héritiers de Ian Fleming, qui eux aussi entrent dans la danse pour contrecarrer légalement le projet, Warhead s'enlise dans un labyrinthe juridique, au point que Sean Connery quitte le bateau en 1978, fatigué par le champ de mine que présente la procédure.   Il lui faudra attendre encore quatre années avant de pouvoir revenir légalement une dernière fois pour Jamais Plus Jamais, en mettant malheureusement de côté toute l'ambition de l'action et de la caractérisation de personnage qu'avait Warhead, qui rejoint ainsi le camp des plus grands films de James Bond jamais faits.
David Fakrikian  

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