Le Rythme de la vengeance de Reed Morano
LEONINE DISTRIBUTION GMBH

Reed Morano se perd dans un sous- Nikita, avec Blake Lively et Jude Law en têtes d’affiche

La vraisemblance n’est certes en rien une obligation au cinéma. En tout cas jusqu’à un certain point… que ce Rythme de la vengeance s’évertue à franchir allègrement dès ses premières minutes où l’on découvre son héroïne, une jeune prostituée londonienne, avant d’apprendre les raisons qui ont entraîné cette brillante étudiante d’Oxford dans cette descente aux enfers autodestructrice. A savoir le sentiment de culpabilité qui la ronge depuis la mort de sa famille dans un accident d’avion à bord d’un vol qu’ils avaient décalé pour lui permettre de voyager avec eux et qu’elle n’a finalement pas pris. Problème : tout sonne faux. A commencer par la composition outrée façon Actor’s Studio du pauvre de Blake Lively en junkie qui crée d’emblée une distance avec le récit. Comment se passionner dès lors pour les péripéties d’une intrigue qui va voir ladite jeune femme se muer en tueuse traquant les responsables de cet attentat, après avoir appris qu’il s’agissait de tout sauf d’un accident ? La réponse est dans la question…

Car cette interprétation approximative donne le la de ce qui va suivre. Une pâle copie de Nikita, où Blake Lively n’arrive donc pas à la cheville d’Anna Parillaud (pas plus d’ailleurs que Jude Law en mentor ne se hisse au niveau de Tchéky Karyo) et où la mise en scène de Reed Morano (qui fut aux commandes de trois épisodes de la saison 1 de La Servante écarlate, avec un Emmy Award à la clé) paraît en permanence courir derrière le récit sans jamais parvenir ni à le maîtriser ni à apporter une patte singulière. Le souci ne vient donc pas tant de la vraisemblance des rebondissements (ellipses faciles et zones d’ombre s’enchaînent à vitesse V) que de leur incarnation par les personnages qui les subissent et de l’incapacité à les faire vivre à l’écran. Le Rythme de la vengeance avance sur pilote automatique, à grands coups de flash-backs au ralenti et de plans caméra à l’épaule inutilement agités qui ne suffisent évidemment pas à dissiper l’ennui provoqué par ces 105 minutes aux rebondissements vite éventés.