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Co-production à gros budget (près de 20 millions d'euros) et au casting quatre étoiles (Tahar Rahim, John Hurt...), Panthers, qui fait ses débuts ce soir sur Canal+, parcourt l'Europe sur les traces des Pink Panthers, le gang serbe passé maître en vol de bijoux, au début des années 2000.

Dans le sillage de Carlos (la mini-série d'Olivier Assayas) et de Tunnel, Canal+ pousse plus loin la logique de la co-production multilingue (la chaîne s'est, cette fois, associée avec Sky Atlantic et Warp Films). Mini-série en six épisodes, Panthers s'inspire de l'histoire vraie des Pink Panthers, vaste gang de braqueurs d'Europe de l'Est qui s'est rendu célèbre par ses casses à répétition dans des bijouteries de luxe, au début des années 2000.

Sur le papier, Panthers en a à revendre. Précédée d'un générique quasi mystique habité par la voix de David Bowie, la série est réalisée entièrement par Johan Renck, musicien vidéaste qui s'est depuis illustré sur Breaking Bad ou The Walking Dead. A l'écriture, Jack Thorne (Skins) a assemblé son récit avec l'aide du journaliste Jérôme Pierrat, spécialiste du crime organisé qui sort, ces jours-ci, un livre sur « l'histoire vraie du gang des Pink Panthers »*. Pourtant, passée sa séquence inaugurale qui pose d'emblée les ambitions de la production, Panthers met de côté le frisson des braquages. C'est une autre piste qui intéresse le scriptwriter anglais : dans son scénario, l'heure de gloire du gang appartient au passé. Jusqu'à leur réapparition, du côté de Marseille, les malfaiteurs s'étaient un peu fait oublier... Leur retour vient progressivement déclencher autre chose. Plutôt tâtonnante au démarrage, la série prend de l'ampleur au fil des épisodes qui dévoilent une organisation criminelle mondialisée aussi insaisissable que les Panthers eux-mêmes. Pris à des degrés différents dans ses ramifications, un flic marseillais (Tahar Rahim), une enquêtrice en assurance (Samantha Morton) et Milan, un des braqueurs serbes (Goran Bogdan), -les vrais héros de la série-, s'imposent comme victimes collatérales des machinations qui se trament au-dessus d'eux.

>>> L'ultime bande-annonce de Panthers

Un drame fascinant une fois l'intrigue entièrement déroulée, mais qui n'accroche pas immédiatement, avec ses storylines à géométrie variable qui comptent quelques lignes de dialogues mal dégrossies et usent maladroitement des flashbacks, avant que la série ne se rattrape dans un épisode 5 entièrement dédié au passé des principaux protagonistes. Dans ce maelström narratif, les acteurs, eux, excellent. Tahar Rahim (qui retrouve au passage plusieurs camarades de jeu d'Un Prophète, dont Karim Leklou, avec qui il forme un duo fonctionnel), John Hurt qui y est presque trop rare et Samantha Morton qui s'impose en héroïne tragique dans une conclusion en forme d'état de fait, bercée d'illusions perdues.

Jonathan Blanchet

* "L'attaquant", publié à La Manufacture des Livres.

Panthers. Six épisodes. Dès le lundi 26 octobre à 20h55 sur Canal+.