Toutes les critiques de Never Rarely Sometimes Always

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sophie Benamon

    L’adolescente enceinte fleurit dans les séries américaines (de Glee à Riverdale), assumant bravement le nourrisson non désiré. Chaque année, plus de 200 000 jeunes filles américaines de 15 à19 ans deviennent mamans. Ce chiffre, mais aussi l’arrivée de Trump au pouvoir qui a menacé de réduire le droit à l’avortement, ont inspiré en réaction à Eliza Hittman le portrait d’une ado qui refuse la maternité. Comme une réponse à Unplanned, ce film de propagande anti- avortement qui a cartonné au box-office US l’an dernier. A 17 ans, Autumn, (Sidney Flanigan, bouleversante) sent bien que quelque chose cloche dans le discours de la femme qui l’accueille au planning familial de sa petite ville de Pennsylvanie. C’est accompagnée de sa cousine, et sans l’accord de ses parents, qu’elle se rend à New York pour avorter. Eliza Hittman filme au plus près de la vérité les deux jeunes filles avec un sens du détail inouï. La lumière de New-York la nuit est parfaitement composée par Hélène Louvart, la directrice de la photo d’Alice Rohrwacher (Heureux comme Lazzaro). Alors certes, parfois, les séquences s’enchaînent un peu trop sur le mode « avortement mode d’emploi ». Mais l’essentiel est ailleurs. Dans l’émotion que suscite le visage tourmenté et obstiné de l’héroïne qui nous ramène vers un univers presque loachien. On gardera ainsi longtemps en mémoire la scène particulièrement émouvante dont le film tire son titre où Autumn doit répondre par « Jamais, rarement, souvent, toujours » à une série de questions sur la manière dont elle vit sa sexualité.