Les deux derniers week-end ont été les pires du box-office américain depuis 2008. Si Twilight 4 et Happy New year sont en tête, ce sont de plus petits films qui tirent réellement leur épingle du jeu.Nous nous intéressions il y a quelques mois à ces films qui sont surdistribués : Conan, Apollo 18, (S)ex list... autant de longs-métrages qui ont effectué des démarrages catastrophiques aux Etats-Unis, d'autant plus qu'ils étaient disponibles dans de nombreuses salles (plus de 3000 étalées sur tout le territoire américain). Penchons-nous maintenant sur le phénomène inverse : les "limited release", ces sorties limitées à seulement quelques écrans.La taupe : diffusé dans 4 salles, plus de 300 000 dollars de recettes en trois jours !Dernièrement, des films comme Minuit à Paris, The Tree of Life ou La taupe ont été distribués dans une poignée de salles lors de leur démarrage et ont rapporté plus que prévu : ils forment le top 3 des meilleurs démarrages au box-office américain des limited release de l'année 2011. Le dernier, sur les écrans ce week-end, n'a été distribué que dans quatre salles : deux à Los Angles et deux à New York. Etant donné la taille du territoire, c'est très peu ! Il a pourtant rapporté un peu plus de 300 000 dollars ce week-end, soit 75 000 billets verts par écran en seulement trois jours. Il faut dire que ces trois films ont bénéficié de critiques positives et ont été précédés d'un certain succès en Europe avant d'être disponibles aux Etats-Unis. La taupe a par exemple cartonné en Angleterre et est composé d'un casting d'acteurs déjà bien établis aux US : Gary Oldman, Colin Firth, Tom Hardy ou encore John Hurt.En fait, ces sorties limitées marquent une forme de test pour les distributeurs, qui peuvent ensuite augmenter le nombre de salles projetant les films en question. The tree of life, par exemple, avait fini par rapporter plus de 13 millions de dollars aux Etats-Unis, avec un maximum de 237 salles de diffusion. Les films qui sortent de cette façon ont souvent reçu de bonnes critiques et été récompensés lors de festivals renommés (Cannes, Venise etc.) mais sont déconseillés aux moins de 13 ans ou 17 ans, ce qui réduit potentiellement le nombre de spectateurs potentiels. Si la sauce prend dans les quelques cinémas triés sur le volet, alors l'augmentation du nombre d'écrans se fait petit à petit.Autre limited release qui annonce un certain succès en fin de carrière : Young adult a attiré 320 000 personnes dans 8 salles américaines. La comédie dramatique portée par Charlize Theron est réalisée par Jason Reitman, qui est habitué à ce régime : Juno avait rapporté 59 000 dollars le week-end de sa sortie pour 7 écran, par exemple. Un film comme Shame, sorti dans seulement 10 salles, a vu son nombre d'écrans doubler, puis ses recettes augmenter en fonction : le film relatant l'addiction sexuelle du personnage de Michael Fassbender (et donc interdit aux moins de 17 ans) a rapporté 774 154 dollars en quelques semaines, ce qui est six fois mieux que le précédent film de Steve McQueen porté par l'acteur, Hunger.Certains films, comme We need to talk about Kevin, sortent en limited release pour mieux être redistribués un peu plus tard, au moment des Oscars. Une seule salle le projette pour l'instant à New York, mais le film refera certainement parler de lui en janvier.Avec ce type de sorties, les distributeurs misent sur la bonne réputation des films et laissent le projet s'établir dans le temps. On remarque que tous les longs-métrages cités ont connu ou connaissent un certain buzz lié à des festivals (The Tree of Life a reçu la Palme d'Or à Cannes, Fassbdender un prix d'interprétation à Venise...). Une promotion efficace basée sur l'originalité et la qualité lance le film, les distributeurs visent quelques salles (le choix est important, souvent un endroit renommé) et le bouche à oreilles fait le reste.Bande-annonce de La taupe