Gran Turismo : bidon fûté [critique]

L’adaptation d’une des franchises phares de la PlayStation par le réalisateur de District 9 ne dépasse pas son statut d’objet promotionnel.

Canal + mise sur Gran Turismo pour sa soirée blockbusters du vendredi. Le film de courses sorti l'été dernier au cinéma vaut-il le coup ? La réponse est oui.

Si l’on reconnaît un auteur à ses effets, alors pas de souci, Gran Turismo est bien un film de Neill Blomkamp : la preuve avec cette séquence où trois militaires français, en treillis et armés jusqu’aux dents, sortent au ralenti d’un hélico pour amener le drapeau tricolore au départ de la course des 24 heures du Mans. Est-il si injuste de dire que filmer des treillis en slow-mo est le principal trait saillant du style du cinéaste sud-africain ?

Rassurez-vous, ce n’est pas le seul enjeu de cinéma de Gran Turismo, production faite pour promouvoir l’un des jeux vidéo phares du catalogue PlayStation et qui entend mettre en scène une "histoire vraie", celle de Jann, un jeune Gallois expert en Gran Turismo (une simulation de course auto hyper réaliste) qui va devenir un vrai pilote de bolide en intégrant un programme créé par Nissan pour faire la pub de leurs bagnoles.

Gran Turismo est donc affaire de promotion à tous les niveaux. Comme dans une sorte de séminaire d’entreprise où l’on apprend à tirer parti de ses erreurs pour être plus productif, les seuls échecs essuyés par Jann dans le film seront en fait des réussites lui permettant en fin de compte de triompher des pilotes pros et riches (ce propos est un brin hypocrite : le héros-prolo apprécie voyager en jet privé et faire vrombir sa bagnole sur le béton de Dubaï, tout en épatant sa copine avec un voyage surprise à Tokyo).

Blomkamp, réalisateur devenu très demandé suite au carton de District 9, et qui s’est abîmé à Hollywood (cf. les échecs de ses projets Halo et Alien 5) est lui aussi devenu productif : la physicalité du film -tôles froissées pour de vrai, mouvements de drone vertigineux- évoque celle du splendide Ambulance de Michael Bay, mais là où Bay en faisait un procédé de cinéma nécessaire (jouer le réel contre le faux), Blomkamp en fait un simple amusement -une copie publicitaire, peut-être. En cette année 2023 où les plus grands succès planétaires ne sont au fond que de vastes entreprises publicitaires à leur sommet (Barbie, Mario), Gran Turismo ne détonne, au fond, absolument pas.

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