Le Crime est notre affaire : Pascal Thomas manie l’art du décalage [critique]

Catherine Frot et André Dussollier mènent l'enquête sur France 3.

En chemin pour rendre visite à Prudence (Catherine Frot) et son mari, le colonel Bélisaire Beresford (André Dussollier), la tante Babette (Annie Cordy) assiste à un crime dans un train voisin. Si le colonel accorde peu d'importance à cette histoire, Prudence se lance dans l'enquête, se faisant embaucher par la famille Charpentier, dont la résidence surplombe l'endroit où le corps a été jeté. Elle fait rapidement connaissance avec Roderick Charpentier (Claude Rich), le père, Frédéric (Melvil Poupaud), Raphaël (Alexandre Lafaurie) et Augustin (Christian Vadim), les fils, et Emma (Chiara Mastroianni), la fille. Sont-ils impliqués ?

Sorti en octobre 2008 au cinéma, Le Crime est notre affaire s'inspire des récits d'Agatha Christie, empruntant son titre et ses personnages au recueil du même nom, et son intrigue à la nouvelle Le Train de 16h50. Catherine Frost et André Dussollier reprennent leurs rôles de Prudence et Bélisaire Beresford, qu'ils tenaient déjà en 2005 dans Mon petit doigt m'a dit, puis qu'ils ont de nouveau incarné dans Associés contre le crime, en 2021. Au final, la comédie policière de Pascal Thomas totalisera 1 127 954 entrées en six semaines.

A sa sortie, Première avait passé un bon moment devant cette enquête pleine de rebondissements. Voici la critique de Véronique Le Bris : Cinéaste générationnel de la fin des seventies, Pascal Thomas s’affirme désormais comme celui qui a su redonner une jeunesse à Agatha Christie. Passons sur l’intrigue – un meurtre a été commis ! – pour saluer le mélange de modernité et de naphtaline que réussit Pascal Thomas. Maniant savamment l’art du décalage, le réalisateur parvient à renforcer l’aspect victorien des romans en filmant en plans serrés des châteaux vieille France décrépis à l’atmosphère étouffante, dans lesquels glissent et se fondent des personnages volubiles ou transparents mais jamais innocents. Grâce à des dialogues ciselés, tous les interprètes – même les rescapés de L’Heure zéro, autre Christie adapté par Thomas – parviennent à communiquer l’évident plaisir qu’ils ont tous eu à tourner ce whodunit suranné.