Napoléon d'Abel Gance (1927)
Cinémathèque française

Véritable arlésienne, ce chef-d’œuvre du cinéma muet français sur la vie de l’empereur apparait enfin dans sa version intégrale et restaurée. Le lancement aura lieu début Juillet à la Seine musicale près de Paris.

16 ans, c’est le temps qu’il aura fallu aux équipes encadrées par la Cinémathèque française pour venir à bout du mastodonte. Dans sa forme originelle le Napoléon d’Abel Gance (1927), œuvre maîtresse du cinéma muet, n’a quasiment été jamais vu. Et pour cause, son auteur a opéré maintes versions différentes au moment de sa sortie pour rendre son film au long cours (plus de sept heures) accessible.

Lorsque la Cinémathèque française entreprend de "reconstruire la bête" en 2007, l’objectif est d’achever le travail en 2021, année du bicentenaire de la mort de l’Empereur. Si les voyants semblaient au vert, le travail n’a pu être achevé à temps. Les 4 et 5 juillet prochain, c’est à la Seine musicale près de Paris que sera enfin projeté "le monstre", tel que l’a qualifié, Georges Mourier, le réalisateur et chercheur en charge de la restauration.

A la Seine musicale, Napoléon sera projeté sur un écran géant à la façon d’un ciné-concert. 250 musiciens issus des formations musicales de Radio France accompagneront le déroulement de ce film-opéra, programmé en deux parties. L’œuvre d’Abel Gance est réputée pour son final en triptyque tel un retable du Moyen Age.

"Faire du spectateur un acteur ; le mêler à l’action ; l’emporter dans le rythme des images", expliquait Abel Gance en 1927.

Dans un entretien donné au CNC qui a soutenu ce travail de restauration, Georges Mourier, mué en véritable archéologue (il a expertisé des centaines de bobines du film), avouait :

"Face à Napoléon, moi, petit réalisateur, c’est un peu comme si on avait demandé à un peintre du dimanche de ranger l’atelier de Michel-Ange !"

Sur X (anciennement Twitter), Manuel Alduy, le responsable du cinéma à France Télévisions, a annoncé que la version restaurée de Napoléon serait également à voir sur le service public, sans préciser à quelle date.