Rebecca Zlotowski, Bertrand Bonello, Céline Sciamma
ABACA

Port du masque, distanciation physique entre les acteurs… Plusieurs réalisateurs parmi lesquels Céline Sciamma, Rebecca Zlotowski et Bertrand Bonello dénoncent des mesures incompatibles avec la profession.

Si les tournages vont progressivement pouvoir reprendre sur l’hexagone après trois mois de blocage dû à la pandémie mondiale, tout ne sera pas comme avant. Un guide élaboré par le Comité central d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de la production de films et transmis au Ministère du Travail prévoit de nombreuses mesures sanitaires auxquelles seront désormais soumises les équipes de tournage. De nouvelles conditions de travail qui impliquent, notamment, la distanciation physique entre les acteurs, le port des masques et la remise en question de certains lieux de tournage présentant un "décors naturel".

Dans un communiqué intitulé "Tournages : retour à l’anormal" rédigé par le conseil d’administration de la Société des Réalisateurs de Films, composé notamment de Céline Sciamma, Bertrand Bonello ou encore Rebecca Zlotowski, des cinéastes montent au créneau et dénonce l’incompatibilité de ces mesures avec la pratique de leur métier.

 

"Au coeur de ces oeuvres, qui convoquent le réel et l’imaginaire, il y a les acteurs, dont nous filmons les corps et les visages. Si ces personnes ne peuvent plus s’approcher à moins d’un mètre… ne plus se toucher, s’embrasser, crier ou rire trop fort au risque de postillonner… la représentation d’un monde ‘sans Covid’ n’est tout simplement plus possible.", peut-on lire. 

Le conseil d’administration de la SRF craint qu’une reprise des tournages « dans les conditions définies par ce Guide et par l’application littérale des règles qu’il propose » ne mette en péril "l’intégrité" des films. Il fustige, aussi, le surcoût financier lié à ces nouvelles normes sanitaires temporaires. Ce dernier "est voué à être porté entièrement par le producteur, sans aucune solidarité de la part des autres financeurs du film."

La lettre souligne également la crainte des réalisateurs de voir ces mesures sanitaires s’installer sur le long terme, "comme c’est souvent le cas des mesures prises en état d’urgence."

"En tout cas, aujourd’hui et dans cette situation, annoncer que l’activité de notre secteur peut tout simplement reprendre relève du mensonge, précise le communiqué. Nous appelons à une reprise de nos tournages beaucoup plus en accord avec la nature singulière de notre travail."

Dans quelles conditions le public pourra-t-il retourner au cinéma ?