Melancholia a secoué le festival de Cannes (et pas que pour de mauvaises raisons). Beauté des plans, histoire vénéneuse et actrices sublimes (Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst) : la dépression selon Lars Von TrierOn s’attendait à un film sur la fin du monde et c’est un film, le deuxième après Antichrist, sur la dépression qui talonne le réalisateur depuis quelques années. Cette fois, aucune mutilation de parties génitales, aucune scène porno ni même de renard qui parle, tout juste une (sublime) scène de nu où Kirsten Dunst communique avec la nature et appelle de toutes ses forces la planète Melancholia, sur le point d’entrer en collision avec la terre. Le chaos règne donc encore, mais c’est celui de la mélancolie, cette maladie qui fait partir le monde en cendres, une fin du monde en soi. Sous l’influence du romantisme allemand et du romantisme tout court, Lars filme des plans magnifiques avec ces ralentis infimes dont lui seul a le secret. Kirsten Dunst n’a jamais été aussi belle et aussi laide à la fois, son visage déformé par la dépression avec ses faux sourires qui défigurent. C’est comme si Lux Lisbon, la Virgin Suicides de Sofia Coppola, ne s’était pas tué pour finir en beauté. Pourvu que Lars ne guérisse pas tout de suite.Stéphanie Lamome