Nom de naissance YOUTKEVITCH
Avis

Biographie

Sa famille, de bourgeoisie intellectuelle, se réfugie en Ukraine aux débuts de la guerre civile. À Kiev, il se lie avec Grigori Kozintsev. Ils peignent des décors, ouvrent leur premier théâtre. Il a quatorze ans ! Bientôt, à Petrograd, ils fonderont la FEKS (1921) ; ils exposeront toiles, collages et affiches aux côtés de Tatline et de Malévitch. 1921-22 : Youtkévitch partage la débordante activité théâtrale d'Eisenstein, qu'il a rencontré aux cours de Meyerhold. (Au Proletkult, Eisenstein lui confie un cycle de conférences sur les lois de construction du film d'aventures et du roman policier.) Ensemble, ils composent pour la FEKS une pantomime, la Jarretière de Colombine (1922) où apparaissent les « attractions scéniques ». 1925-26 : Youtkévitch anime un spectacle de cabaret, la Blouse bleue, un « journal vivant ». Il aborde le cinéma en 1924, mais il n'abandonnera jamais le théâtre. Débutant à Moscou comme assistant réalisateur, il tourne par un pur hasard le court métrage À nous la radio ! (1925), parodie futuriste-expressionniste des films d'aventures américains. Décorateur et assistant d'Abram Room pour le Traître (1927) et Trois dans un sous-sol (id.), son décor parfaitement fonctionnel et « psychologique » fait merveille pour la vérité du second film cité, et les quelques séquences qu'il filme signalent déjà sa manière future : un picturalisme impressionniste raffiné (qu'il avoue inspiré de Jean Epstein). Ce même esthétisme qualifie ses deux premiers longs métrages muets : Dentelles (1928) et la Voile noire (1929), et son premier sonore : Montagnes d'or (1931), films qu'on accusera un peu vite de « formalisme » : l'art n'a-t-il pas aussi pour fonction d'ennoblir le quotidien ? Le cinéma n'est-il pas un art figuratif ? Profondément marqué par l'esprit d'avant-garde une avant-garde largement ouverte sur l'Occident Youtkévitch ne se pliera pas sans efforts aux exigences mouvantes du cinéma soviétique. Il lui faudra conjuguer concessions et résistances, audace et académisme, accepter les commandes et ruser avec les tabous. (Néanmoins, vejk s'en va-t-en guerre et Lumière sur la Russie ne seront jamais distribués.) Il touchera à tous les genres : cinéma de poésie, réalisme socialiste qu'il inaugure quasiment avec Contre-Plan ; documentaires lyriques, la France libérée, Salut Moscou, à la manière du Vertov de Trois Chants sur Lénine ; films de poupées (les Bains) ; transpositions théâtrales (Othello) ; biographies (Yakov Sverdlov, Skander Beg) ; burlesque caricatural (les Nouvelles Aventures du brave soldat vejk) ; films de maquettes entre la gravure et le dessin d'animation mais habitées par des vivants (Un amour de Tchekhov). Il illustrera, avec un bonheur très variable, toutes les possibilités du montage. Il ne reniera pas sa jeunesse. Dans les six films qu'il a consacrés à la vie de Lénine, il a refusé de « jouer le monument », se conformant au précepte de Marx : « Pas de cothurne aux pieds ni d'auréole autour de la tête. » Son thème dominant est la transformation psychologique d'un individu qui travaille à s'insérer dans la nouvelle réalité soviétique et à y devenir un leader, ce qui est, au fond, sa propre histoire.

Filmographie Cinéma

Année Titre Métier Rôle Avis Spectateurs
2015 Trois rencontres Réalisateur -
2015 Yves montand chante Réalisateur -
2015 Contre Plan Réalisateur -
2015 Othello Réalisateur -
1969 Un amour de tchekov Réalisateur -