Nom de naissance HARLAN
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Biographie

Son nom reste lié au plus célèbre, sinon au plus odieux film antisémite jamais réalisé, le Juif Süss (1940), présenté en France sous l'Occupation et qui y connut un certain succès. Mais la carrière de Veit Harlan avait commencé beaucoup plus tôt, en 1924. Né dans une famille d'artistes (son père est romancier, deux de ses frères deviendront musiciens), il fréquente l'intelligentsia berlinoise : Friedrich Kayssler, Max Reinhardt, Erwin Piscator. Il débute comme acteur au Volkstheater et épouse en premier mariage... une israélite. Au cinéma, il apparaît pour la première fois dans un petit rôle de Der Meister von Nürnberg, de Ludwig Berger (1927), que suivront une vingtaine de films, signés Kurt Bernhardt, Gustav Ucicky, Richard Eichberg, Robert Wiene. Le dernier, en 1935, est Stradivari de Geza von Bolvary. Dès 1933, il se rallie au régime hitlérien et sera, avec Karl Ritter, Hans Steinhoff, Herbert Maisch et Gustav Ucicky, l'un des cinéastes les plus proches de l'idéologie du III Reich. La même année, il signe sa première réalisation : Die Pompadour (CO : W. Schmidt-Gentler et H. Helbig) avec Käthe von Nagy. Jusqu'à sa mort, il ne cessera plus de tourner, à l'exception d'une courte interruption, pour les raisons que l'on devine entre 1945 et 1950. Son retour déclenchera d'ailleurs de violentes protestations dans les partis de gauche en Allemagne. Il a évolué avec une certaine aisance de l'idylle romantique (la Sonate à Kreutzer Die Kreutzersonate, 1937 ; le Voyage à Tilsit Die Reise nach Tilsit, 1939, remake de l'Aurore de Murnau) au drame propagandiste et idéologique (Crépuscule Der Herrscher, 1937 d'après Gerhart Hauptmann, qui a pu influencer les Damnés de Visconti), de la peinture acide de la jeunesse (Jeunesse Jugend, 1938) à la fresque historique (Cur immortelDas unsterbliche Herz, 1939 ; le Grand Roi Der grosse König, 1942 ; Kolberg 1945). En 1942, il entreprend de donner à l'Europe son grand film en couleurs (procédé Agfa) : la Ville dorée (Die goldene Stadt). Après quoi il se plonge avec délices dans le Lac aux chimères (Immensee, 1943) et Offrande au bien-aimé (Opfergang, 1944), deux mélos échevelés, qu'un certain lyrisme sauve du ridicule. Presque partout, la propagande nazie apparaît en filigrane. Goebbels ne s'y est pas trompé, qui sacra Harlan cinéaste officiel du régime. Par la suite, celui-ci cherche à se disculper dans une autobiographie publiée en 1966 (Im Schatten meiner Filme le Cinéma selon Goebbels) qui est un chef-d'uvre de mauvaise foi. Rien à retenir de la fin de carrière d'Harlan, hormis un film d'aventures à l'exotisme bien éventé, le Tigre de Colombo (en 2 parties : Sterne uber Colombo, 1953 ; Die Gefangene des Maharadscha, 1954) et une peinture ambiguë de l'homosexualité, le Troisième Sexe (Anders als Du und Ich, 1957). L'un de ses derniers films, en 1958, est une bluette : Ich werde dich auf Händen tragen. Il est interprété, comme presque tous les autres, par celle qui fut son égérie et troisième épouse, la plantureuse Kristina Söderbaum. Il est le père du cinéaste Thomas Harlan (Berlin 1929), auteur de Torre Bela (1980), Wundkanal (1984), Souvenance (1990).

Filmographie Cinéma

Année Titre Métier Rôle Avis Spectateurs
2015 Impudeur Réalisateur -
2015 La Sonate à Kreutzer Réalisateur -
2015 Le Juif Suss Réalisateur -
1956 L'Espion de Tokyo Réalisateur, Scénariste -
1944 Kolberg Réalisateur -

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