Choix N°1 : Victoria de Sebastian Schipper avec Laia Costa, Frederik Lau, Franz RogowskiSynopsis : 5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocture. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper…L'avis de Première : Comme Birdman, mais en vrai. Depuis sa présentation à la Berlinale, on sait que "Victoria" est un plan séquence de 134 minutes, un plan ininterrompu qui suit le trajet d’une femme de sa sortie de boîte de nuit jusqu’à un braquage raté. Dès l’introduction, une scène de clubbing suffocante, le film s’affirme comme un geste de virtuosité insensée et démonstrative. Comment mettre en scène une histoire sans montage ? Cette question, qui obsède les cinéastes depuis Hitchcock, Schipper la résout en comprimant sa narration mouvementée (on passe d’un marivaudage Erasmus à un nouveau duo d’amants criminels) dans un tour de force sidérant. Il lui aura fallu trois essais, trois nuits de suite, pour réussir son projet, véritable manifeste de cinéma. Schipper cherche l’immersion et le réalisme. Paradoxalement, c’est le moins intéressant, le moins viscéral, même si l’on est scotché par l’élasticité du cadreur (qui entre à l’intérieur d’une voiture, s’infiltre sur le dance floor ou filme une fusillade en mode guérilla). On se rend vite compte qu’entre effet de réel (le début) et accélération fictionnelle (la fin), le film hésite. C’est lorsqu’il réussit à s’extraire des contraintes pour emmener "Victoria" dans une direction sensualiste que Schipper touche le spectateur : dans un ascenseur, l’héroïne et ses copains discutent, leur voix s’atténue et la musique décolle en même temps que les personnages ; deux scènes de boîte deviennent des vagabondages envapés sur des beats technos ; la sortie d’un hôtel ressemble à une libération solaire. "Victoria", qui fait parfois penser à "Noé" (la performance hallucinée), à Tykwer (le portrait générationnel) ou à Kounen (les effets de transe), est fascinant quand son dispositif devient "film-trip". Quand l’arc narratif de l’héroïne, son trajet symbolique et la compression du temps produisent des effets quasiment hallucinatoires.Bande-annonce :  Choix N°2 : Tale of Tales de Matteo Garrone avec Salma Hayek et Vincent CasselSynopsis : Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal ; une reine obsédée par son désir d’enfant... Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.L'avis de Première : On a l’ADN, on a l’émotion plastique… Mais on sort quand même un peu ébranlé par ce qu’on vient de voir. Finalement, que raconte ce Conte des Contes ? On perçoit bien les échos contemporains du film, la potentielle critique sociale que contiennent certains segments (la chirurgie esthétique, l'empowerment féminin, le caractère essentiellement tyrannique du pouvoir), mais ça ne suffit pas à donner un sens clair au film, dénué de conclusion ou de morale comme les contes originels. Pareil, on voit bien la manière dont l'univers de Garrone fusionne dans ces contes médiévaux - il y a du Gomorra (la corruption), du Reality (la cruauté, le miracle et la bouffonnerie) et même de L'Etrange Monsieur Peppino (l'idée du corps et de ses transformations), mais il nous manque une clé. Le sens se dérobe… On a l'impression d'avoir loupé un truc, comme si notre attention était ailleurs pendant la projection, comme si on avait été envapé, absorbé par autre chose. L'effet Cannes ? A moins que finalement ce soit le sens de l'équilibriste et du saltimbanque. On pense à la dernière phrase de Songe d'une nuit d'été : "si nous avons déplu, figurez-vous seulement (et tout sera réparé) que vous n’avez fait qu’un somme"Bande-annonce :  Choix N°3 : Terminator Genisys d'Alan Taylor avec Arnold Schwarzenegger, Jason ClarkeEmilia ClarkeSynopsis : Le leader de la résistance John Connor envoie le sergent Kyle Reese dans le passé pour protéger sa mère, Sarah Connor et préserver l'avenir de l’humanité. Des événements inattendus provoquent une fracture temporelle et Sarah et Kyle se retrouvent dans une nouvelle version du passé. Ils y découvrent un allié inattendu : le Guardian. Ensemble, ils doivent faire face à un nouvel ennemi. La menace a changé de visage.L'avis de Première : Comment régénérer une franchise abîmée par deux épisodes franchement oubliables ? En faisant comme s’ils n’avaient jamais existé. Le premier acte de "T5", qui projette tout le monde en 1984 (sans trop spoiler, c’est toujours la même chose : il faut détruire Skynet), joue ainsi avec les images indélébiles du diptyque originel imaginé par James Cameron, et c’est plutôt réjouissant. La suite, qui court désespérément après sa propre mythologie mais se contente de multiplier les vannes sur l’âge de Schwarzie (surnommé "pops", autrement dit "papy" !), n’est qu’une succession de scènes d’action numériques spectaculaires. Une nouvelle occasion manquée.Bande-annonce :