Affiches Films à l'affiche mercredi 3 avril 2024
Warner/ Metro/Wild Bunch

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
GODZILLA X KONG : LE NOUVEL EMPIRE ★★★☆☆

De Adam Wingard

L’essentiel

En s’emparant très sérieusement des codes visuels des jeux vidéo, Le Nouvel empire est le meilleur spin-off de Godzilla possible

Il fallait quand même envisager la possibilité que Godzilla x Kong: Le Nouvel empire soit un véritable punching-ball critique : après tout, ne parle-t-on pas d’un film se déroulant dans une délirante Terre creuse où King Kong cherche des copains singes géants tandis que Godzilla rôde sur la surface de notre planète pour la sauver d’autres Titans comme lui ? Un postulat absurde, mais qui ne joue pas du tout contre le film, en fin de compte. En fait, sa réussite est essentiellement due au sérieux avec lequel il envisage son absurdité, son impossibilité : c’est en cherchant à donner le plus de vie possible à ses personnages numériques que Le Nouvel empire acquiert une espèce d’étrange réalité -qui contraste avec les scènes, heureusement beaucoup plus réduites, avec de vrais êtres humains, réduits à de fragiles témoins ou passeurs d’informations (et filmés avec un étrange effet qui rend flou l'arrière plan et les bords du cadre). Et sans prétendre à vouloir être un grand geste esthétique ou théorique, Le Nouvel empire dessine de beaux faux monstres, habités d’une vie de cinéma inespérée, à l’ère où le blockbuster hollywoodien est encore plongé dans le coma. Un vrai divertissement, spectaculaire et rigolo, le meilleur peut-être depuis les Transformers de Michael Bay. Et oui, c’est une bonne surprise.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

YURT ★★★★☆

De Nehir Tuna

Ahmet, un jeune Turc de 14 ans envoyé dans un internat religieux par son père alors qu’il est en parallèle élève d’une école privée laïque où l’ambiance idéologique est très différente de celle du pensionnat. Laïcité le jour et Islam la nuit : le tiraillement de l’ado illustre à merveille la profonde division de la société turque qui a vu le jour au milieu des années 1990. Cette toile de fond est surtout l’occasion pour le cinéaste de dresser le puissant portrait d’une adolescence bouillonnante où le jeune héros va, entre amitiés naissantes, troubles collectifs et amours frustrées, se forger sa propre vision du monde. Le tout magnifié par une mise en scène qui impressionne par son énergie et son ampleur sensorielle.

Damien Leblanc

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PREMIÈRE A AIME

BLACK FLIES ★★★☆☆

De Jean- Stéphane Sauvaire

Dans cette adaptation d’un livre de Shannon Burke, romancier qui a été paramedic à New York. Tye Sheridan joue un apprenti urgentiste, qui veut devenir médecin, guérir le monde, le sauve. Aux côtés d'un vieux briscard lessivé (Sean Penn), il va entamer un voyage de plus en plus dangereux dans la cour des miracles new-yorkaise. Peut-on traverser les ténèbres sans se laisser happer par elles ? Après Johnny Mad Dog et Une Prière avant l’aube, Sauvaire poursuit sa quête d’un cinéma sensoriel, hypnotique, où l'envie d'élévation spirituelle se mêle au réalisme brutal, à une volonté d'uppercut, créant à l'arrivée une sensation de vérité semi-hallucinée.

Frédéric Foubert

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ET PLUS SI AFFINITES ★★★☆☆

De Olivier Ducray et Wilfried Méance

Peu convaincu par Jumeaux mais pas trop, le premier long du duo Ducray- Meance et encore moins par Sentimental, le film espagnol insupportablement moralisateur qu’ils ont choisi de remaker, on attendait avec scepticisme le grand triomphateur du festival de l’Alpe d’Huez (Prix du public et double prix d’interprétation pour Isabelle Carré et Bernard Campan). A tort. Car si la colonne vertébrale du récit reste la même (le face à face, le temps d’un dîner, entre un couple usé par 25 ans de vie commune et leurs voisins aux mœurs débridées) et que la forme n’échappe pas au théâtre filmé, Ducray et Meance ont réussi à y insuffler de la malice, un zeste d’émotion qui faisaient défaut à Sentimental et surtout à rééquilibrer les rôles pour ne plus enfermer le jeune couple (Julia Faure et Pablo Pauly, irrésistibles) à des rôles de faire- valoir. La comédie y gagne, le plaisir pris devant les échanges aussi.

Thierry Cheze

QUELQUES JOURS PAS PLUS ★★★☆☆

De Julie Navarro

Critique rock… trop rock, Arthur a fini par pousser le bouchon trop loin et, après le saccage de sa chambre d’hôtel, son rédac’ chef décide de le coller aux infos générales. Un nouveau poste où il va se retrouver à couvrir l’évacuation d’un camp de migrants qui va bousculer son destin quand mis KO par un CRS, il tombe sous le charme de la responsable d’une association de réfugiés et, pour la séduire, accepte d’accueillir un jeune Afghan chez lui. Sur un sujet proche du dernier Nakache- Toledano, Julie Navarro signe un premier long métrage savoureux où, à l’exception d’une dernière ligne droite trop mièvre, l’équilibre entre chronique sociétale, comédie et romantisme fonctionne à merveille. Mais son film a un atout majeur : Benjamin Biolay irrésistible d’auto- dérision (la scène où il ironise sur sa propre chanson est un bijou) dans la meilleure composition de son parcours de comédien.

Thierry Cheze

AGRA ★★★☆☆

De Kanu Behl

Dix ans après Titli, une chronique indienne, le quadragénaire Kanu Behl poursuit sa fougueuse exploration du Nord de l’Inde avec ce drame familial où un jeune homme à la libido explosive sème la confusion quand il annonce à ses parents vouloir se marier avec une collègue de travail. Habile, le scénario imagine une configuration spatiale originale dans laquelle le héros vit au rez-de-chaussée avec sa mère pendant que son père loge à l’étage avec sa maîtresse. Mais cette organisation dysfonctionnelle doit justement changer maintenant que le fils souhaite s’affranchir et une société immobilière va entrer dans l’équation... Par sa mise en scène au cordeau, le cinéaste révèle avec brio toute la frustration qui habite une société remplie d’étouffants tabous. Et c’est notamment à travers des scènes de sexe rageuses que ce remuant film réussit à exprimer les désirs refoulés d’un monde qui brûle à petit feu.

Damien Leblanc

IL PLEUT DANS LA MAISON ★★★☆☆

De Paloma Sermon- Daï

C’est l’été en Wallonie, il fait chaud, mais les vacances ne sont pas à l’ordre du jour pour Purdey et son frère Makenzy. Entre un père disparu et une mère absente, les deux sont comme livrés à eux-mêmes, précarisés dans une maison qui tombe en ruine. Elle, fait des ménages dans un complexe hôtelier ; lui, vole des touristes de toutes les manières possibles. Deux manières âpres de rappeler le bon temps de ceux qui ont le temps et l’argent de partir en vacances, là même où vivent ces deux adolescents, forcés de grandir trop vite pour s’en sortir. Le film intéresse surtout pour les rapports de classe qu’il distille dans chacun de ses personnages, et qui parfois les surpasse, à l’image d’une discussion qui dérape brutalement en tentative de noyade. C’est prometteur, passionnant parfois, mais les séquences manquent un peu de force parfois, au montage notamment, pour faire oublier les intentions derrière le film.

Nicolas Moreno

LES EXPLORATEURS : L’AVENTURE FANTASTIQUE ★★★☆☆

De Gonzalo Guttierez

Rien n’est plus puissant que l’imagination. Alfonso, garçon casse-cou, transforme lui-même sa vie en aventure : un moulin devient géante créature, une voiture devient dragon menaçant, et lui devient chevalier, par la seule force de ses fabulations. Avec ses amis Arthur et Victoria, bien réels eux, il se met en tête de sauver les habitants de sa ville d’un homme d’affaires vaniteux. Drôle et pétillant, rempli de courses-poursuites épiques, aucun doute que ce joli film saura exalter les plus jeunes.

Lucie Chiquer

XALE, LES BLESSURES DE L’ENFANCE ★★★☆☆

De Moussa Sene Absa

La vie quotidienne de jeunes gens, dans une banlieue de Dakar… Assis face à la mer, Adama annonce à sa sœur Awa qu’il rêve de quitter le pays pour vivre en Europe. À quelques pas de là, une autre adolescente, Fatou, est contrainte par sa grand-mère mourante d’épouser son oncle. Moussa Sène Absa ne manque pas d’imagination pour mettre en scène cette fable sur la jeunesse condamnée de son pays - notamment ces chœurs, autour des acteurs, qui donnent à leurs trajectoires des airs de tragédie antique.

Emma Poesy

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

SIDONIE AU JAPON ★★☆☆☆

De Elise Girard

Avant hier en Irlande (A propos de Joan), demain en Corée du Sud (A traveler’s Need, primé à Berlin), ici au Japon, Isabelle Huppert voyage, s’acclimate et devient le territoire même du film. Fictions qui deviennent peu ou prou des documentaires d’une actrice propre à tout reconfigurer à son image. Elise Girard avance dans son drame climatisé en assumant cette (omni-)présence. Pour preuve, c’est dans les rets de l’imaginaire de Sidonie-Huppert que peut naître un véritable trouble. Le spectre d’un mari disparu surgi d’une conscience soudain perturbée, confronte l’héroïne à sa propre tangibilité. Dommage que ce rapport existentiel reste dans les clous d’un récit où les pistes intéressantes ne manquaient pourtant pas. Parmi elles : la notion d’écriture, d’inspiration et de traduction, la Sidonie en question étant une écrivaine en tournée promo. Co-écrit avec la regrettée Sophie Fillières, ce voyage dépayse beaucoup trop peu.

Thomas Baurez

LE VIEIL HOMME ET L’ENFANT ★★☆☆☆

De Ninna Palmadottir

Expulsé de son exploitation du fin fond de l’Islande (en échange de 150 millions de couronnes) pour cause de travaux pour une centrale hydroélectrique, un vieil homme taiseux acquiert une maison dans la banlieue de Reykjavik. Bien que guère original, le portrait de ce bourru au grand cœur ne manque pas de charme. Jusqu’à le récit bascule, quand alors qu’il a pris sous son aile l’enfant des voisins, délaissé par ses parents séparés, ceux- ci vont le soupçonner d’intentions pédophiles… que ne dénie pas le petit garçon qui sait pourtant que tout est faux. Là, un autre film commence, plus dérangeant, moins écrit d’avance. Mais hélas Ninna Palmadottir botte en touche et ne questionne jamais le pourquoi de la trahison de cet enfant envers cet homme qui lui avait redonné le sourire mais conscient que ce sacrifice allait resouder ses parents. Jusque dans une scène finale maladroite qui semble tout remettre en cause. Comme si la cinéaste avait eu peur de sa propre audace. Dommage.

Thierry Cheze

DIEU EST UNE FEMME ★★☆☆☆

De Andrès Peyrot

Ce documentaire est une porte ouverte sur un autre. Celui sur la communauté des Kunas du Panama (où la femme est sacrée) réalisé en 75 par Pierre- Dominique Gaisseau invisible jusque là pour cause de faillite mais dont une copie a été miraculeusement retrouvée. Andrés Peyrot raconte l’histoire de ce film et l’excitation des Kunas d’enfin le découvrir dans un geste à la fois cinématographique, sociologique et ethnologique. Mais dont une certaine primauté à la cérébralité tient un peu trop à distance.

Thierry Cheze

LA BASE ★★☆☆☆

De Vadim Dumesh

Vadim Dumesh nous embarque dans un monde peu exploré par les caméras : la base de taxis de l’aéroport de Roissy où les chauffeurs attendent d’être dispatchés dans les terminaux. Un travail de longue haleine indispensable pour se faire accepter qui s’est étalé sur plusieurs années (COVID inclus). Mais le temps de son documentaire joue contre lui et en 72 minutes, il doit se contenter d’empiler les témoignages et portraits de chauffeurs sans aller plus loin que le simple constat des choses. On en ressort frustré.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

DRIVE AWAY DOLLS ★☆☆☆☆

De Ethan Coen

Depuis que les frères Coen ont décidé de mener des carrières solo, Joel a signé une adaptation très arty de Macbeth, qui manifestait son besoin de changer d’air. Et Ethan, alors ? Désormais associé à sa femme Tricia Cooke, il signe avec Drive-Away Dolls une compilation des pires tics du cinéma coenien. Deux copines lesbiennes (l’une prude, l’autre délurée) y sont poursuivies de la Côte Est à la Floride par des criminels qui veulent récupérer la mystérieuse valise qu’elles ont emportée par mégarde dans leur voiture de location… Accents texans-ploucs pas drôles, autoréférences fatiguées à Fargo et The Big Lebowski, prestation cartoonesque ratée de Margaret Qualley… Si l’action du film se passe dans les 90s, c’est, nous dit-on, parce que le scénario a été écrit à cette époque-là. Soit celle de l’âge d’or des Coen, quand les frangins enchaînaient les classiques. Et qu’Ethan avait jugé préférable de laisser Drive-Away Dolls au fond d’un tiroir.

Frédéric Foubert

 

Et aussi

Le Bon sens, de Lina Verdiani et Alice Aucler

Les Coulisses du pouvoir, de Dror Moreh

Ducobu passe au vert, de Elie Semoun

Non- non dans l’espace, programme de courts métrages

Rocancourt, le film, de David Serero

Reprises

Le Squelette de Mme Moralès, de Rogelio A Gonzalez