Emily in Paris
Netflix

Darren Star envoie Liliy Collins faire un stage dans la capitale, sans dictionnaire en poche, pour un choc des cultures made in clichés. Mais à l'image de son héroïne, la fraîcheur naïve l'emporte.

On l'a connu plus novateur. Darren Star, le créateur de Beverly Hills en 1990 et de Sex and the City en 1998, sortira demain sa toute première série sur Netflix. Emily in Paris est une gentille petite comédie romantique, légère et sans le moindre sous-texte, qui s'appuie d'abord et avant tout sur les préjugés les plus énormes que les Américains ont sur les Français.

Toute jeune active bossant dans le marketing à Chicago, Emily est une fille épanouie, heureuse avec son homme, qu'elle compte bien épouser. Mais quand sa patronne mutée à Paris tombe enceinte et ne peut plus faire le voyage, c'est Emily qui est missionnée à sa place. L'innocente Américaine ne parle pas un mot de la langue de Molière, mais débarque toute pétillante dans la capitale, prête à vivre l'aventure de sa vie. Sauf que la petite agence de marketing française, que sa firme vient de racheter, l'accueille avec une froideur et un mépris non feint...



Disons-le franchement, il y a de quoi se sentir insulté en regardant Emily in Paris. Darren Star et ses auteurs n'y vont pas avec le dos de la cuillère, lorsqu'ils décident de nous caricaturer. On apprend ainsi que les Français sont "tous méchants" (si, si), qu'il sont feignants et n'arrivent jamais bureau avant la fin de matinée, qu'ils sont d'incorrigibles dragueurs pas franchement attachés au concept de fidélité, qu'ils sont sexistes et rétrogrades, et bien sûr, qu'ils ont un rapport douteux avec leur douche. Oui, aucun cliché n'est épargné, pas même les plus indigents. Mais ce qui est bien, c'est que les Américains aussi se sentent insultés par la série. On s'amuse en lisant nos confrères de TVGuide, qui s'indignent en voyant qu'Emily in Paris "dépeint les Américains comme arrogants (ou peut-être ignorants), inutilement bruyants, trop ambitieux et égocentriques (...) Emily est si douée pour son travail - parce qu'elle est américaine - que sa nouvelle entreprise a besoin d'elle et de son point de vue américain pour survivre..."

Alors faut-il se vexer et s'arrêter là ? Bien sûr que non. Un peu d'autodérision est nécessaire pour aller plus loin, mais si on n'en demande pas trop à Emily in Paris, on pourra parfaitement s'amuser avec elle aux quatre coins de la ville lumière. L'apprentissage de la vie de cette vingtenaire dynamique n'a pas le mordant ou l'irrévérence d'un Sex in the City, mais elle diffuse les mêmes messages sur la féminité moderne, avec une réjouissante décontraction.

Alors au bout du compte, les petites moqueries de Darren Star ne sont jamais bien méchantes. La capitale est filmée avec une bienveillance réconfortante. Et grâce à sa naïveté aussi agaçante que touchante, la fraîcheur de Lily Collins - bien entourée par un casting de Français séduisant (dans tous les sens du terme) - finit par l'emporter. Son charme léger et mutin colle parfaitement avec l'esprit frivole de cette rom'com' de 10 épisodes de 25 minutes, qui se déguste finalement aussi vite qu'un croissant à la terrasse d'un café de Montmartre.