Black Mirror saison 6
Netflix

L'anthologie dystopique remet le couvert avec cinq nouveaux épisodes scénarisés par son créateur, Charlie Brooker. Toujours quelques idées démentes mais une écriture trop souvent en pilote automatique. Et plus aucun sentiment de vertige... Ne serait-il pas temps de laisser Black Mirror reposer en paix ?

Joan est horrible ★☆☆☆☆
Réalisé par Ally Pankiw, avec Annie Murphy

Black Mirror : la saison 6
Netflix

Concept génial : une femme ordinaire, Joan (Annie Murphy), découvre en rentrant du boulot que la plateforme Streamberry - une parodie de Netflix - adapte au jour le jour sa vie quotidienne sous la forme d'une série, Joan est horrible, où Salma Hayek joue son rôle. Toute son intimité est dévoilée au grand public, de ses textos à son ex à ses séances chez la psy. Une charge méta contre Netflix, où Charlie Brooker questionne la volonté des streamers de produire du flux quoi qu'il en coûte, ainsi que l'écriture par l'intelligence artificielle. Ça devrait être punk et irrévérencieux, mais passée la surprise, l'épisode tourne en rond et devient terriblement générique. Sacré gâchis.

Loch Henry ★★☆☆☆
Réalisé par Sam Miller, avec Samuel Blenkin

Black Mirror - Loch Henry
Netflix

Alors qu'ils pensaient réaliser un documentaire sur la nature, un jeune couple découvre qu'un petit village écossais a été traumatisé par un tueur en série qui kidnappait des touristes de passage pour les torturer dans sa cave. Ils décident alors de changer de sujet et de faire un docu true crime beaucoup plus vendeur... Un Black Mirror petit cru mais pas inintéressant sur notre rapport très glauque aux histoires criminelles et à la façon dont Netflix en a standardisé l'imagerie pour faire son beurre. Mais comme dans Joan est horrible, Brooker ne peut pas s'empêcher de tirer en longueur et d'éventer son twist avant l'heure, sans forcément retrouver l'acidité des premières saisons.

Mon Coeur pour la vie ★★★☆☆

Réalisé par John Crowley, avec Aaron Paul

Black Mirror saison 6
Netflix

Dans une version alternative de l'année 1969, deux astronautes en mission pour six ans au fin fond de l'espace ont à disposition une machine leur permettant d'uploader leurs consciences sur Terre, dans des clones robotiques imitant à la perfection leurs corps. Malgré l'éloignement physique extrême, ils peuvent donc maintenir un équilibre entre vie de famille et boulot. Jusqu'au jour où tout déraille pour l'un d'eux... Comme dans tout bon épisode de Black Mirror, technologie et drame humain s'entremêlent et existent sur le même plan. Vrai petit film (il dure 1 h 20), Mon Coeur pour la vie doit aussi beaucoup aux prestations impeccables de son casting (Aaron Paul, Josh Harnett et Kate Mara).

Mazey Day ★☆☆☆☆

Réalisé par Uta Briesewitz, avec Zazie Beetz

Black Mirror - Mazey Day
Netflix

Charlie Brooker fait son Night Call en raté. L'histoire d'une starlette hollywoodienne fragile, Mazey Day, qui disparaît du jour au lendemain après un délit de fuite, attisant les convoitises de tout ce que Los Angeles compte de paparazzi. Dont Bo (Zazi Beetz) photographe de la presse à scandale qui s'était juré de raccrocher de ce métier de charognards, mais ne peut se permettre de passer à côté des 30 000 dollars de récompense pour un cliché de Mazey Day... Drôle d'épisode, mal dégrossi, dont les personnages sont à peine esquissés. Ça part dans tous les sens, rien ne fonctionne vraiment et la résolution, à la frontière de l'absurde, fait penser à ce que Les Contes de la crypte a produit de plus gênant.

Démon 79 ★★☆☆☆

Réalisé par Toby Haynes, avec Paapa Essiedu

Black Mirror - Demon 79
Netflix

Dans le Nord de l'Angleterre, en 1979, Nida (Anjana Vasan), une humble vendeuse de chaussures d'origine indienne pas du tout du genre à se faire remarquer, convoque malgré elle une entité (Paapa Essiedu, hilarant) qui lui apprend qu'elle doit commettre de terribles méfaits pour empêcher un événement cataclysmique... On n'en dira pas plus. Une comédie horrifique sanglante et rigolarde pour parler racisme ordinaire et émancipation féminine, le tout sur fond de possible fin du monde. Plutôt bien vu, malgré une durée tout à fait déraisonnable - l'un des problèmes récurrents de cette saison 6 - qui dessert l'épisode et l'empêche de pleinement décoller.