The Handmaid's Tale S2 finale
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Un scénario répétitif, une héroïne au bout du rouleau et un dénouement à la fois sublime et agaçant... à l'image de toute la saison 2.

Avant toute chose et avant de rentrer dans le vif du sujet, il est bon de rappeler cet état de fait incontestable : The Handmaid's Tale est l'une des toutes meilleures séries à l'heure actuelle. Une réflexion glaçante sur l'évolution du monde, des moeurs, de la religion, et de la place des femmes. Une plongée encore jamais vue dans les horreurs inexplicables d'un système totalitaire, fanatique et aveuglé par ses dogmes. Malgré tout, cela n'a pas empêché la saison 2 d'être effroyablement frustrante, parfois agaçante, et même par moment un peu décevante. Attention spoilers !

Premières révélations sur la saison 3 de The Handmaid's Tale

Oui, il faut bien avouer qu'on a régulièrement été désappointé, au fil des 13 épisodes qui viennent de s'écouler. D'abord, parce que 13 épisodes, c'est un format un peu longuet. Un format boiteux, qui incite malheureusement les auteurs à prendre tout leur temps, trop de temps, pour développer leurs histoires. En clair, la saison 2 a souvent manqué de rythme et a souvent semblé jouer la montre, quand les 10 épisodes de la première saison - qui adaptaient pourtant intégralement le livre très détaillé de Margareth Atwood - défilaient à toute allure. 

Après une entrée en matière spectaculaire, la série a (volontairement ?) baissé de pied. La séquence d'introduction au Fenway Park de Boston nous a coupé le souffle. L'évasion d'Offred nous a tenu en haleine. Sa vie solitaire dans les couloirs du Boston Globe nous a bouleversé, tout comme son arrestation sur le tarmac, à 10 secondes de la liberté... Les quatre premiers épisodes ont été véritablement exceptionnels. Et puis après, le creux de la vague. Pendant de trop longues semaines, The Handmaid's Tale s'est contenté de nous montrer la soumission, la violence physique, morale et psychologique, jusqu'à la destruction de toute étincelle de volonté. Regarder cette deuxième saison a même conféré à l'insoutenable, lorsque "The Last Ceremony" nous a offert en spectacle le viol glaçant de June par Serena et Fred.

The Handmaid's Tale S2
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Et puis il y a eu, bien sûr, l'accouchement d'Offred, dans une marre de sang, hurlant seule au fond des bois. Et aussi la lente exécution publique de la petite Eden, noyée dans une piscine municipale, devant un public impassible... Même la brillante Elisabeth Moss a donné, par séquences, le sentiment d'être au bout du rouleau. De ne plus trop savoir comment jouer (ou surjouer) l'insupportable, face à une réalisation multipliant les gros plans sur sa star hyper-expressive. Trop souvent, cette saison 2 a semblé céder à une certaine forme de surenchère de l'innommable, quitte à utiliser l'horreur comme une fin, destinée à choquer, plus qu'un moyen pour faire avancer l'histoire. 

Car, effectivement, on a trop souvent eu le sentiment de voir l'intrigue de The Handmaid's Tale tourner en rond cette année. Partant d'une feuille blanche (puisque l'histoire écrite par Margaret Atwood a été totalement utilisée dans la saison 1 et qu'elle n'a jamais écrit de suite), Bruce Miller et ses auteurs ont donné l'impression de vouloir se cramponner aux prémisses de la Servante Écarlate, comme s'ils cherchaient à repousser au maximum son évolution inexorable. A l'image de Serena, qui a passé la saison à faire un pas en avant et deux pas en arrière. À s'allier avec Offred le temps d'un épisode, pour mieux la répudier la semaine suivante. À prendre conscience de la violence de Gilead, pour mieux remettre ses oeillères la minute d'après. La saison 2 a beaucoup joué sur ces allers-retours émotionnels, qui, s'ils font parfaitement sens dans le développement des personnages, ne lui en ont pas moins donné une saveur répétitive.

The Handmaid's Tale S2 serena
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Et puis on a attendu, encore et encore, l'éclair d'une révolte. L'étincelle de la désobéissance. Le début d'une résistance. Mais rien... jusqu'au bout du final. Hormis un jouissif passage au Canada, la saison 2 a clairement fait traîner les choses, jusqu'aux ultimes minutes où les "Marthas" et un Commandant frondeur sont enfin sortis de l'ombre... Tout ça pour que June choisisse finalement de rester, pour sa fille. Émouvant, certes, mais aussi diablement frustrant !

Alors non, on ne peut évidemment pas dire que la saison 2 de The Handmaid's Tale fut ratée. Loin de là. En revanche, elle fut clairement inégale et elle a eu du mal à laisser définitivement le prélude de Margaret Atwood derrière elle. Mais sans aucune doute, on se passionnera encore pour June et Gilead, l'an prochain, avec une saison 3, qui, on l'espère, saura cette fois faire avancer l'histoire, sortir un peu de la maison des Waterford et oser ouvrir la porte de la résistance.

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