Toutes les critiques de Avec amour et acharnement

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    2022 restera à part dans la carrière de Claire Denis. Deux films. Deux sélections en festivals majeurs. Et deux récompenses non moins majeures : Grand Prix à Cannes avec Stars at noon (en salles, le 25 janvier) et Ours d’argent à Berlin pour Avec amour et acharnement. Qui dit mieux cette année ? Personne. Et aucun cinéaste n’aura non plus réalisé à ce point deux films aux antipodes. Aux oubliettes l’interminable tunnel d’ennui déployé dans Stars at noon. Avec amour et acharnement prend aux tripes de sa première image paradisiaque – Sarah et Jean, un couple en vacances dans une passion amoureuse sans nuage – au temps des déchirements. Car avant de se connaître, Sarah et Jean ont vécu d’autres vies, d’autres amours. François, son précédent amant, a même présenté Jean à Sarah. Et c’est le jour où elle recroise ce même Jean que les certitudes sur son couple deviennent doutes. Pour leurs retrouvailles après Un beau soleil intérieur, Claire Denis et Christine Angot racontent avec une précision chirurgicale – dans cette adaptation libre d’Un tournant de la vie de la seconde - les cris du corps qui divergent avec les cris du cœur, la façon dont les feux mal éteints du passé viennent embraser le présent et condamner tout futur. Le tout dans un parfait équilibre entre cérébralité et traduction physique de ces tourments, porté par un trio majeur : Vincent Lindon, Juliette Binoche et Grégoire Colin. Avec amour et acharnement n’enferme jamais ses personnages dans des archétypes, laisse volontairement à chacun des parts d’ombres et dessine un thriller conjugal dont l’atmosphère sourde trouve un parfait écho dans la BO hantée des Tindersticks.