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Après sa biographie animée Valse avec Bachir (2009), Ari Folman revient à Cannes avec Le Congrès, inspiré d’un roman de Stanislas Lem, l’écrivain russe de science-fiction réputé pour Solaris, et considéré (pour simplifier) comme un équivalent de Philip K Dick. L’histoire de ce Congrès fait d'ailleurs penser au Scanner darkly de Dick (que Richard Linklater avait adapté en semi animation), puisqu’il y est également question d’un monde rendu vivable grâce aux drogues hallucinogènes.

Mais le film de Folman est plus réussi que celui de Linklater, probablement parce qu’il est à la fois plus clair (relativement) et plus libre. Folman s’est assez fortement écarté du roman original en développant dans une première partie une fiction sur le clonage des acteurs. C’est ce qui arrive à l’actrice sur le déclin jouée par Robin Wright, à qui un producteur cynique (Danny Huston) propose de la scanner afin d’exploiter son image autant que possible. Cette partie, tournée en prises de vues réelles, est une variation surprenante parce que traitée sur un mode presque satirique, sur le thème souvent abordé de la dématérialisation.

Le passage dans le monde artificiel, où l’actrice pourra évoluer pour voir comment son image a été exploitée, est rendu en animation dans un style un peu primitif et hétéroclite, mais dont les innombrables citations à la culture populaire font parfaitement sens.Folman est porté par une vision très forte de son sujet, qui l’empêche de tomber dans les travers qui le guettent sans arrêt (confusion, simplification, emprunts et citations…). L’interprétation le sert beaucoup, et toute la partie concernant le vécu de l’actrice, et son rapport avec son fils malade, est particulièrement émouvante. Au total, l’expérience est riche, variée, et visuellement stimulante.
Gérard Delorme 

Ari Folman : « Après Valse avec Bachir, je voulais fuir l'autobiographie »