Toutes les critiques de Bubble

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    Avec des acteurs non professionnels trouvés au coeur de l'Amérique cafardeuse, sa nouvelle production "artysanale" est une merveille de minimalisme empoisonné. Polar dépouillé, récit court comme une nouvelle, Bubble est un film sec et dérangeant sur la routine (...) Bubble est un film de mystères sans mystère sinon celui de la mise en scène (...) Fascinant.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    "Une autre expérience de Steven Soderbergh", annonce la publicité. Enigmatique, Bubble est le premier des six films que ce cinéaste versatile s'est engagé à faire en HD (Haute Définition). Sorti aux Etats-Unis sous divers modes de diffusion, en janvier 2006, l'objet consiste en une exploration de la psyché américaine et du vide contemporain. Quand le banal devient passionnant.
    Dossier VOD / Steven Soderbergh :
    -
    Du DVD à la Video on demand (VOD)
    - Distribution VOD contre sorties en salle
    - chronique de Bubble de Steven Soderbergh : un film HD en sortie DVD, web et VOD simultanée- Dans les forums : quels sites de VOD fréquentez-vous ?Steven Soderbergh est toujours là où on ne l'attend pas. Metteur en scène de Sexe, mensonges et vidéo en 1989, il a depuis eu une carrière très fructueuse. Réalisateur de « blockbusters » parfois personnels (Traffic), il est avec George Clooney à la tête de Section Eight, une maison de production qui enchaîne les succès tant sur le plan artistique que financier. Ainsi l'homme a plusieurs facettes mais toutes sont faites de caméra.Présenté à la dernière Mostra de Venise, Bubble est le premier film à être sorti simultanément en salles, en DVD et via la vidéo à la demande (VOD). Ce geste, voulu par l'auteur, témoigne d'une interrogation sur le mode de réception du cinéma en général et de ce film en particulier. Bubble alimentera la fameuse question posée par Walter Benjamin "de l'oeuvre d'art à l'époque de la reproductibilité technique", en interrogeant également la position du public consommateur et de son engagement. Nombre de jeux de miroirs sont d'ailleurs repérables : les protagonistes, incarnés par des acteurs non professionnels, sont nos semblables. Saisis dans la banalité de leur quotidien, ils sont filmés dans une esthétique de documentaire. La caméra les suit, les prends sur le vif, pendant qu'ils tiennent des propos peu intéressants. Portée à l'épaule, elle les inscrit dans un cadre travaillé pour insister sur l'insignifiant. Dès lors, au-delà de l'histoire, le film offre un regard sans complaisance sur un état du monde moderne et de l'Amérique en particulier.Une bulle économique et sociale
    Martha et Kyle travaillent tous deux dans une usine qui fabrique des poupées en plastique. Ils habitent dans une petite ville du Midwest des Etats-Unis. Moitié ouest, moitié est, ce lieu est celui de la banalité : c'est nulle part et partout, entre le no man's land et le coin de la rue. Martha a une cinquantaine d'année, elle vit avec son père quasi grabataire, qu'elle doit presque nourrir elle-même. Kyle, la petite vingtaine, vit avec sa mère. Les deux travailleurs cumulent plusieurs activités salariales pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs très petites familles. Leur situation économique les place dans une configuration partagée par de nombreuses personnes, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde. Ils vivent chez leurs parents et les ont à charge. Dès lors, malgré leurs âges adultes très différents, tous sont encore dans une position infantile.Emprisonnés dans l'ennui cotonneux du cocon familial, ils sont également dans la bulle économique et sociale des travailleurs pauvres, entravés par leur dépendance. D'ailleurs les déplacements de chacun se limitent à des allers-retours entre des pôles fixes : voiture-boulot-dodo. Cette vie minimale est ponctuée de moments hypnotiques, devant la télévision, à fumer un joint ou le dimanche à l'église. Entre temps, ils mangent. Des plats préparés, de la junk food emballée dans des boîtes en carton et avalée sur un coin de table. Personne ne cuisine, ne s'engage à préparer quelque chose pour se nourrir. Cette action serait une prise en charge d'un besoin primordial, celui de la faim. Ici, l'achat répond à l'appétit, l'argent suffit.Une vie éloignée de tout désir
    Martha possède une voiture. Elle et Kyle sympathisent pendant qu'elle le conduit à ses différents jobs. Tous deux s'occupent de fabriquer des poupées. Là encore, ce simple choix de scénario permet au réalisateur d'évoquer le thème du corps au travail. Nombre de gros plans montrent des bras de poupons en latex, des pieds, des visages sur lesquels on place des yeux. La métaphore est évidente mais néanmoins marquante. Leur travail est un miroir : ces marionnettes qu'ils fabriquent, molles et malléables, imperméables aux chocs, c'est eux. De la "doll" (terme anglais signifiant poupée) à la "Baby doll", il n'y a qu'un pas.Marthe et Kyle coiffent des têtes, décollent des paupières... Engoncés dans leurs corps et dans la répétition de leurs tâches, comme si leur activité répondait à tout besoin, ils semblent avoir éludé la question du désir. Fabriquer des objets d'adulation et d'identification pour enfants leur suffit. Elle reste pourtant présente et menace toujours d'éclore, tel un retour trop brutal du refoulé. Derrière les apparences entretenues à merveille, les envies grondent. Ce n'est pas pour rien que l'arrivée d'une nouvelle employée dans la petite entreprise va tout bouleverser. Rose est mère, elle ne vient pas de cette région et souhaite aller ailleurs. Elle mène sa vie comme elle l'entend. Pourtant, chez elle aussi, la question du désir et du corps se pose. Sa position devient provocatrice à l'égard de nos protagonistes. Jusqu'au drame que rien ne prévoyait.Soderbergh est derrière les moindres détails. Sa mise en scène est d'une précision égale à la multiplicité des sous-entendus, tous amenés de manière subtile. Sous une apparente banalité, rien n'échappe au tranchant du réalisateur qui n'épargne jamais les travers de la société américaine. Il nous montre un monde moderne qui perd peu à peu toute saveur et toute matérialité. En concentrant son histoire sur la vie de gens qui n'en ont pas beaucoup, il nous livre un film magistral dont on n'a pas fini de parler.Bubble
    Un film de Steven Soderbergh
    Avec : Debbie Doebereiner, Dustin James Ashley, Misty Dawn Wilkins
    Sortie en salles (France) : 10 mai 2006
    Sur Fluctuat :
    - Soderberg et HDnet nouveaux modes de distribution
    - Chronique de Hors d'atteinte (1998)
    - Chronique de Traffic (2000)
    - Chronique de Solaris (2003)
    - Chronique de Ocean's twelve (2004)
    - Bubble dans Ecrans, le blog cinéSur le web :
    - site officiel du film